Gambie: un ex-ministre de Jammeh jugé après son refus de répondre à la Commission vérité

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Un ministre de l'ex-président gambien Yahya Jammeh, Yankuba Touray, arrêté en juin lors de son audition par la Commission vérité et réconciliation (TRRC) pour avoir refusé de répondre aux questions de la TRRC, a comparu lundi devant la Haute cour de justice.

M. Touray, membre de la junte de M. Jammeh lors de son accession au pouvoir par un putsch sans effusion de sang en 1994 dans ce petit pays anglophone d'Afrique de l'Ouest, a de nouveau invoqué son "immunité constitutionnelle" pour refuser de répondre aux juges, ont rapporté des correspondants de l'AFP.

Il avait adopté la même attitude le 26 juin devant la TRRC qui l'interrogeait sur son implication présumée dans l'assassinat du ministre des Finances en juin 1995 et celui de soldats lors d'une tentative de coup d'Etat manquée en novembre 1994.

L'accusé ayant par conséquent refusé de dire s'il plaidait coupable ou non, le tribunal a considéré d'office qu'il plaidait non coupable, tout en reconnaissant "son droit à garder le silence".

A la fin de l'audience, des partisans de l'ex-parti au pouvoir s'en sont pris à des journalistes filmant l'accusé, dont un correspondant travaillant pour Radio France Internationale (RFI) et l'AFP, qui ont dû s'enfuir pour leur échapper.

Un avocat de la défense, Abdoulie Sissoho, a réclamé la libération sous caution de son client et le début du procès dans une semaine.

Le tribunal a renvoyé sa décision sur cette demande de libération sous caution au 15 juillet.

Le ministre de la Justice, Abubacarr Tambadou, qui a contesté l'immunité dont se prévaut M. Touray, a demandé le renvoi du procès au mois d'octobre.

Yahya Jammeh s'était fait élire une première fois puis réélire sans interruption jusqu'à sa défaite en décembre 2016 face à l'opposant Adama Barrow.

Après six semaines d'une crise à rebondissements provoquée par son refus de céder le pouvoir, il a finalement dû quitter le pays le 21 janvier 2017 à la suite de l'intervention militaire d'une force régionale majoritairement composée de troupes du Sénégal voisin et d'une ultime médiation guinéo-mauritanienne.

Instituée par une loi en décembre 2017 et composée de 11 membres, la TRRC, qui enquête sur les crimes présumés commis pendant les 22 ans du régime de M. Jammeh, en exil en Guinée Equatoriale, a débuté ses auditions en janvier 2019.