Yémen: plus de quatre ans de guerre depuis l'intervention de la coalition arabe

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Les Emirats arabes unis, qui réduisent leurs troupes au Yémen, sont avec l'Arabie saoudite les deux principaux piliers de la coalition arabe qui intervient depuis fin mars 2015 en soutien aux forces progouvernementales contre les rebelles Houthis.

Lundi, un haut responsable émirati a annoncé une réduction des troupes de la fédération au Yémen, affirmant que cela doit lui permettre de passer d'une "stratégie" prioritairement "militaire" à une logique de "paix".

- Intervention arabe -

Issus d'une branche du chiisme, les Houthis, soutenus par l'Iran, grand rival de l'Arabie saoudite sunnite, déferlent en septembre 2014 sur la capitale Sanaa depuis leur fief du Nord. Avec l'aide de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ils entrent dans Sanaa et s'emparent aussi de vastes territoires dans l'ouest et le centre du pays.

Le 26 mars 2015, l'Arabie saoudite prend la tête d'une coalition militaire, déclenchant des raids aériens contre les rebelles et leurs alliés pour contrer leur avancée vers le sud du Yémen.

Baptisée "Tempête décisive", l'opération, à la demande du président Abd Rabbo Mansour Hadi, mobilise des troupes d'une dizaine de pays, dont cinq du Golfe.

Washington annonce fournir un soutien logistique et en renseignement.

Le même jour, M. Hadi se réfugie en Arabie saoudite alors que les rebelles se rapprochent d'Aden, la grande ville du Sud, où il se trouvait depuis février.

- Succès loyalistes -

Le 27 mars, la coalition annonce avoir neutralisé les capacités aériennes de la rébellion.

En juillet, le gouvernement annonce la "libération" de la province d'Aden, premier succès des forces loyalistes appuyées par la coalition, et déclare la ville d'Aden capitale "provisoire".

Les forces progouvernementales et la coalition parachèvent jusqu'à la mi-août la reprise de cinq provinces méridionales, mais peinent à les sécuriser face à la présence de jihadistes d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique (EI).

En octobre, elles reprennent le détroit de Bab al-Mandeb, par où transite une grande partie du trafic maritime mondial.

En août 2017, la direction des Houthis qualifie de "traître" l'ex-président Saleh, lui reprochant une ouverture vers l'Arabie saoudite. Il est tué en décembre par les rebelles.

- Missiles et drones rebelles -

Les rebelles lancent à plusieurs reprises des missiles et des drones vers l'Arabie saoudite et la coalition mène des raids visant à neutraliser ces appareils. Les Houthis ont aussi revendiqué des attaques de drones contre les aéroports d'Abou Dhabi et de Dubaï, mais les Emirats ont démenti.

Ces derniers mois, les rebelles ont intensifié leurs attaques sur des installations aéroportuaires, des usines de dessalement et d'autres infrastructures saoudiennes.

En 2018, une mission d'experts mandatée par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU affirme que toutes les parties prenantes ont potentiellement commis des "crimes de guerre".

- Hodeida: offensive et trêve -

Le 13 juin 2018, les forces progouvernementales, appuyées par les Emiratis et les Saoudiens, lancent une offensive sur la ville portuaire de Hodeida, principal point d'entrée de l'aide humanitaire. Le 13 novembre, des commandants des forces progouvernementales annoncent avoir reçu l'ordre d'arrêter l'offensive.

Le 13 décembre, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres annonce, à l'issue de pourparlers interyéménites en Suède, une série d'accords pour faire provisoirement taire les armes, en particulier à Hodeida. Les combats y cessent le 18 décembre. Mais attaques et échanges de tirs se poursuivent sporadiquement.

Le 11 mai 2019, les rebelles commencent à se retirer des trois ports de Hodeida, Salif et Ras Issa (ouest). Le 14, l'ONU confirme que les rebelles ont remis le contrôle de trois ports de la région de Hodeida. Mais des responsables gouvernementaux dénoncent une "manipulation", accusant les rebelles d'en remettre le contrôle à des garde-côtes qui leur sont favorables.

- Pays "effondré" -

Le conflit a tué des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux civils, selon diverses organisations humanitaires.

Selon l'ONU, qui évoque la pire crise humanitaire au monde, environ 3,3 millions de personnes sont déplacées. "80% de la population, soit 24 millions de personnes, ont besoin d'une forme d'aide humanitaire ou de protection, dont 14,3 millions de manière urgente", selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU.

Nombre d'hôpitaux ont été endommagés ou détruits, et le pays a été gravement touché par une épidémie de choléra.

"Le pays n'est pas au bord de l'effondrement. Il s'est déjà effondré", selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour le Moyen-Orient.