Recul de la lutte contre la corruption au Guatemala, dénonce Amnesty International

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La lutte contre la corruption et les violations des droits de l'homme au Guatemala a enregistré un grave recul en raison de la décision du président Jimmy Morales de mettre fin à la mission de l'ONU contre l'impunité, a dénoncé mardi un rapport d'Amnesty International.

"Au cours des deux dernières années, les plus hautes autorités du Guatemala ont pris des mesures pour mettre un frein aux progrès réalisés au cours de la décennie en matière d'accès à la justice", dénonce Amnesty International en déplorant "la mise en échec des droits de l'homme et de l'Etat de droit".

L'ONG relève ainsi que le gouvernement de Jimmy Morales a "systématiquement" fait obstacle au travail de la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (Cicig), une mission de l'ONU destinée à lutter contre les structures criminelles au sein de l'appareil d'Etat.

Le président Morales, lui-même visé, ainsi que des membres de sa famille, par des enquêtes de la Cicig, a décidé de mettre fin à la mission onusienne, contre l'avis du Tribunal constitutionnel.

Amnesty International a appelé "instamment" les autorités qui seront issues de l'élection présidentielle dont le second tour aura lieu le 11 août, à "envisager" de reconduire le mandat de la mission onusienne, ou pour le moins de renforcer le pouvoir du parquet.

Le principal succès de la Cicig, dont les travaux ont commencé en 2007, a été la mise au jour en 2015 d'un vaste réseau de corruption et de détournement de fonds au sein des douanes, contraignant à la démission le président de l'époque, Otto Pérez.

Les enquêtes de la mission onusienne ont également mené à l'arrestation et l'incarcération d'importants chefs d'entreprise, de militaires et de personnalités politiques qui se croyaient jusque-là intouchables.

Mais ces progrès contre la "culture de l'impunité" sont remis en cause, relève Amnesty, qui déplore l'inaction du parquet.

Selon l'ONG, les défenseurs des droits de l'homme au Guatemala, de même que les juges, sont soumis à des pressions pour qu'ils cessent les enquêtes contre les réseaux criminels et sur les crimes commis durant la guerre civile, de 1960 à 1996.

Enfin, Amnesty International dénonce l'adoption par les parlementaires guatémaltèques "de lois régressives" visant notamment à amnistier des responsables de crimes contre l'humanité.