Argentine: l'ex-chef de l'armée acquitté pour des crimes sous la dictature

1 min 39Temps de lecture approximatif

L'ancien chef des forces armées argentines entre 2013 et 2015, César Milani, a été acquitté vendredi pour son implication présumée dans deux enlèvements sous la dictature (1976-83).

Il était jugé aux côtés d'une dizaine de personnes à La Rioja, une ville du nord-est de l'Argentine, où les faits se seraient déroulés.

Le tribunal a ordonné la remise en liberté immédiate de César Milani, qui comparaissait en uniforme. Le parquet avait requis 18 ans de prison ferme.

César Milani, 64 ans, avait été arrêté en février 2017 après avoir été entendu par la justice qui enquêtait sur les cas de Pedro Adan Olivera et de son fils Ramon Alfredo Olivera, enlevés en mars 1977 dans cette même région. Il était depuis en détention provisoire.

Sa désignation à la tête des armées en 2013 avait provoqué une levée de boucliers des organisations de défense des droits de l'homme qui le soupçonnent d'être l'auteur de crimes sous la dictature. Il a occupé ce poste, sous la présidence de Cristina Kirchner, jusqu'en 2015.

Mme Kirchner l'avait soutenu, y compris face à des détracteurs dans son propre camp politique.

Outre l'ex-chef de l'armée, quatre accusés ont été acquittés et six autres condamnés à des peines allant de 3 ans et demi à 10 ans de prison pour homicide aggravé, privation de liberté et tortures, notamment.

Lors de sa dernière déclaration avant la lecture du verdict, César Milani a qualifié les accusations le visant de "diffamatoires", de "calomnies et d'injures", avant de demander son acquittement.

Mais l'ancien chef des forces armées n'en a pas fini avec la justice: il est également mis en cause dans la disparition forcée en 1976 d'un soldat, Alberto Ledo, et devrait être à nouveau jugé en septembre pour cela. Cesar Milani est aussi dans le collimateur de la justice pour une affaire d'enrichissement illicite lorsqu'il était à la tête de l'armée.

Environ 30.000 opposants sont morts ou ont disparu pendant la dictature en Argentine.

Deux ans après le retour de la démocratie, sous la présidence de Raul Alfonsin, un procès avait envoyé les chefs de la junte en prison puis des lois d'amnistie avaient été votées, synonymes d'impunité.

Ce n'est qu'en 2003, vingt ans après la fin de la dictature, que le président Nestor Kirchner (aujourd'hui décédé) a abrogé les lois d'amnistie et permis à la justice de reprendre les procédures.

En mars 2019, 3.161 personnes étaient sous le coup d'une enquête pour crime contre l'humanité dans 611 dossiers. Parmi elles, 30% sont en détention.