Sri Lanka: un général accusé de crimes de guerre à la tête de l'armée

1 min 42Temps de lecture approximatif

Le général Shavendra Silva, accusé par l'ONU de crimes de guerre à la fin du conflit avec les séparatistes tamouls, a été nommé lundi à la tête de l'armée du Sri Lanka, une promotion qui a suscité des critiques notamment des Nations unies et des Etats-Unis.

"Le président (...) a nommé le général Shavendra Silva 23è commandant (en chef) de l'armée", a annoncé l'armée dans un communiqué.

Le général Silva, a été accusé dans un rapport de l'ONU d'avoir joué un rôle majeur dans les crimes de guerre commis dans la dernière phase du conflit entre les forces gouvernementales et les combattants séparatistes tamouls qui s'est achevé en 2009.

En janvier, il avait déjà accédé au poste de numéro deux de l'armée.

La Haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme de l'ONU, Michelle Bachelet, a exprimé "sa profonde inquiétude" après cette nomination à laquelle on a procédé "en dépit d'accusations graves de violations grossières des droits de l'homme et des lois humanitaires internationales portées à son encontre et ses soldats durant la guerre".

La nomination du général Silva à la tête de l'armée compromet l'engagement de Colombo à promouvoir la justice et pourrait mettre en cause sa participation à des missions de maintien de la paix à l'étranger, a-t-elle estimé.

L'ambassade américain à Colombo a souligné que les accusations "de violations grossières des droits de l'homme" portées à l'encontre du général Silva étaient "graves et crédibles".

"Cette nomination compromet la réputation internationale du Sri Lanka et ses engagements à promouvoir la justice et la responsabilité, notamment à un moment où la nécéssité de la réconciliation et de l'unité nationale est d'une importance cruciale", a-t-elle déclaré.

Les forces armées du Sri Lanka avaient vaincu les rebelles en 2009 lors d'une offensive ayant fait 40.000 morts, mettant fin à un conflit de 37 ans ayant fait un total de 100.000 morts.

Des atrocités ont été commises à l'encontre des civils au cours de la dernière phase du conflit.

Le Projet international sur la Vérité et la Justice, qui a lancé des poursuites judiciaires à l'encontre des responsables accusés de crimes de guerre, a estimé que la nomination du général Silva portait "un immense préjudice au pays".

L'organisation de défense des droits de l'homme basée en Afrique du Sud a relevé que cette nomination intervenait avant l'élection présidentielle prévue avant le 9 décembre.

L'ancien ministre de la Défense Gotabhaya Rajapakse, qui compte se présenter à cette élection, est également accusé de crimes de guerre pour son rôle dans la guerre.