Pérou: les crises politiques depuis la destitution de Fujimori en 2000

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Voici les grandes crises politiques depuis la destitution du président Alberto Fujimori en 2000 au Pérou, où le chef de l'Etat Martin Vizcarra a dissous le Parlement lundi, qui a riposté en le suspendant.

- Destitution de Fujimori -

Le 21 novembre 2000, suite à un scandale de corruption, le Parlement destitue pour "incapacité morale permanente" le président Alberto Fujimori (au pouvoir depuis 1990), qui a présenté la veille sa démission depuis le Japon où il a fui.

Extradé, il est condamné en 2009 à 25 ans de prison pour corruption et crime contre l'humanité. En décembre 2017, hospitalisé, il bénéficie d'une grâce "humanitaire" controversée du président Pedro Pablo Kuczynski, qui sera annulée en octobre 2018.

Le président du congrès, Valentin Paniagua, opposant modéré, devient président par intérim fin 2000.

- Crises gouvernementales -

En juillet 2001, le centriste Alejandro Toledo est le premier chef d'Etat d'origine indienne a accéder au pouvoir par les urnes.

En juin 2003, il décrète l'Etat d'urgence face à une vague de mécontentement social. Une partie de l'opposition et de la presse demande son départ "pour incompétence". Le gouvernement du Premier ministre Luis Solari démissionne en bloc. Beatriz Merino devient Premier ministre, première femme péruvienne à accéder ce poste.

Le 11 octobre 2008, le président social-démocrate Alan Garcia, élu en 2006 (après un premier mandat de 1985 à 1990), accepte la démission de son gouvernement après la découverte d'une affaire présumée de corruption en faveur de la compagnie pétrolière norvégienne Discover Petroleum.

Il nomme Yehude Simon comme Premier ministre chargé "d'éradiquer" la corruption.

- La gauche au pouvoir -

Le 6 juin 2011, Ollanta Humala devient le premier président de gauche au Pérou depuis 36 ans. En juillet 2012, les membres de son gouvernement vivement critiqués pour leur gestion des conflits sociaux qui ont fait 17 morts au cours des mois précédents, démissionnent.

Le 1er avril 2015, la cheffe du gouvernement Ana Jara est renversée par une motion de censure, une première en 50 ans, après une affaire d'espionnage massif par les services de renseignement. Pedro Cateriano, ministre de la Défense, lui succède.

- Démission de Kuczynski -

Le président Pedro Pablo Kuczynski, élu en 2016, est visé par une enquête pour blanchiment d'argent présumé dans le vaste scandale de corruption du géant brésilien de BTP Odebrecht, qui éclabousse la classe politique latino-américaine.

Odebrecht a reconnu avoir versé à la classe politique péruvienne 29 millions de pots-de-vin entre 2005 et 2014.

Il démissionne le 21 mars 2018, à la veille d'un probable vote parlementaire pour le destituer. C'est le premier président en exercice à démissionner à cause de ses liens avec Odebrecht.

Il est placé en détention provisoire, puis en avril 2019 en résidence surveillée.

- Keiko Fujimori arrêtée -

La cheffe de l'opposition Keiko Fujimori, fille d'Alberto Fujimori, également sous le coup d'une enquête dans l'affaire Odebrecht, est arrêtée le 10 octobre 2018 et placée en prison préventive.

- Humala détenu -

M. Humala est placé en détention provisoire en juillet 2017, accusé d'avoir reçu trois millions de dollars d'Odebrecht lors de sa campagne électorale.

Le 26 avril 2018, le Tribunal constitutionnel ordonne sa libération et celle de son épouse. Ils sortent de prison 4 jours plus tard.

M. Humala et son épouse Nadine Heredia sont inculpés en mai 2019 pour blanchiment d'argent présumé.

- Garcia se suicide -

Soupçonné dans une affaire de blanchiment d'argent présumé liée au scandale Odebrecht, l'ex-président Alan Garcia se suicide le 17 avril 2019 juste avant son arrestation.

Egalement soupçonné de corruption dans le scandale d'Odebrecht, l'ex-président Alejandro Toledo est arrêté le 16 juillet 2019 aux Etats-Unis, où il réside, en vue d'une extradition.

- Vizcarra dissout le Parlement, qui le suspend -

Le 30 septembre 2019, le président Martin Vizcarra dissout le Parlement dominé par l'opposition fujimoriste, et annonce des élections anticipées, sur fond de crise institutionnelle.

Le Parlement riposte en votant la suspension pour un an de M. Vizcarra pour "incapacité morale" et son remplacement par la vice-présidente Mercedes Araoz.