Libye: les civils pris en étau dans la bataille de Tripoli (Amnesty)

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De nombreux civils libyens sont pris "entre deux feux" dans la bataille qui fait rage depuis près de sept mois autour de la capitale libyenne Tripoli, a déploré mardi Amnesty International (AI), évoquant de possibles "crimes de guerre".

"Les belligérants qui prennent part à la bataille de Tripoli tuent et mutilent de très nombreux civils en lançant des attaques" à l'aveugle et en utilisant "tout un arsenal d'armes explosives imprécises dans des zones urbaines peuplées", a déclaré dans un rapport l'ONG basée à Londres.

Les troupes du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen, ont déclenché une offensive le 4 avril pour s'emparer de Tripoli, mais se heurtent depuis à une opposition farouche des forces loyales au gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU.

Les combats ont fait au moins 1.093 morts et 5.752 blessés, dont des dizaines de civils, et forcé plus de 128.000 personnes à quitter leur foyer, selon un bilan de l'ONU en juillet.

"De très nombreux civils sont tués et blessés, les deux camps utilisant un véritable arsenal --des missiles non guidés du régime (de Mouammar) Kadhafi aux missiles guidés modernes tirés par drones-- lors d'attaques susceptibles de constituer des crimes de guerre", a déclaré Brian Castner, conseiller à AI.

L'ONG dit s'être rendue sur 33 sites visés par des frappes à Tripoli et aux alentours, notamment un aéroport, des écoles et des hôpitaux de fortune, faisant état de preuves de possibles crimes de guerre imputables aux deux camps.

Selon Amnesty, l'attaque "la plus meurtrière" a été une frappe de missile près de l'aéroport international fermé de Tripoli, le 27 juillet, contre un hôpital de fortune qui a tué cinq médecins et sauveteurs et en a blessé huit autres.

AI dit avoir établi que la frappe provenait d'un drone chinois que les Émirats arabes unis ont piloté pour le compte des forces pro-Haftar.

L'organisation, qui affirme avoir dépêché des enquêteurs "des deux côtés de la ligne de front", a noté "un mépris systématique envers le droit international, favorisé par l'approvisionnement continu des deux camps en armements, en violation de l'embargo sur les armes", imposé par l'ONU à la Libye depuis la révolte de 2011 qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi.

"La communauté internationale doit respecter l'embargo sur les armes de l'ONU, que la Turquie, les Emirats arabes unis, la Jordanie et d'autres États enfreignent allègrement", a déclaré M. Castner.