Soudan: en visite inédite, le Premier ministre dit vouloir pacifier le Darfour

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Le Premier ministre Abdallah Hamdok a assuré lundi devant des victimes du conflit que son gouvernement s'attelait à pacifier le Darfour, lors de sa première visite dans cette région de l'ouest du Soudan.

M. Hamdok effectue un déplacement d'une journée au Darfour, théâtre d'un conflit qui a éclaté en 2003 entre des rebelles s'estimant marginalisés et le pouvoir du président déchu Omar el-Béchir.

Environ 300.000 personnes sont mortes et 2,5 millions ont été déplacées lors de ce conflit, selon l'ONU.

Le Premier ministre a rencontré des victimes dans la ville d'El-Facher, capitale du Darfour-Nord, qui abrite plusieurs camps où vivent des dizaines de milliers de déplacés depuis des années.

"Nous voulons obtenir justice! Envoyez tous les criminels du Darfour à la CPI (Cour pénale internationale)", ont scandé des Soudanais à l'adresse de M. Hamdok lors de sa visite dans deux camps, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Je connais vos revendications", a répondu M. Hamdok. "Nous travaillerons tous ensemble pour satisfaire vos demandes et assurer un retour à une vie normale", a-t-il ajouté, devant une foule scandant "pas de justice, pas de paix au Darfour".

Pour réprimer la rébellion au Darfour, Khartoum avait recruté parmi des nomades en majorité arabe, formant une milice armée, les Janjawids, qui ont été accusés de mener une politique de la terre brûlée, pillant, incendiant et violant dans les villages soupçonnés de soutenir les rebelles.

- "Rendre les terres" -

Destitué en avril, emprisonné pour corruption depuis, M. Béchir fait l'objet de deux mandats d'arrêt internationaux émis en 2009 et 2010 par la CPI pour "génocide", "crimes contre l'humanité" et "crimes de guerre" au Darfour.

"Nous voulons que ces criminels soient remis à la CPI. Sans cela, il n'y aura pas de paix", a dit Mohamed Adam, un représentant des victimes, au Premier ministre.

Selon lui, les miliciens qui ont semé la terreur doivent être désarmés et les "terres doivent être rendues à leur propriétaire".

Plusieurs familles de déplacés sont retournées sur leurs terres ces dernières années mais les ont trouvées occupées par des éleveurs et paysans arabes.

La principale organisation du mouvement de contestation soudanais qui a mené à la chute du président Omar el-Béchir a indiqué dimanche ne pas avoir d'objection à ce qu'il soit remis à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye.

Mais les militaires, qui avaient pris le pouvoir après sa chute, ont refusé.

Pour que l'ex-président soit transféré à La Haye, il faudrait que les autorités de transition, mises en place en août à la suite d'un accord entre militaires et contestation, ratifient le Statut de Rome --le traité fondateur de la CPI.

M. Béchir, arrivé au pouvoir en 1989 par un coup d'Etat soutenu par les islamistes, est actuellement emprisonné et jugé à Khartoum, mais uniquement sur des accusations de corruption.