Crimes de guerre au Kosovo: l'ex-patron du renseignement convoqué à la Haye

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L'ex-patron du renseignement de la guérilla kosovare et président du Parlement sortant, Kadri Veseli, a annoncé jeudi avoir été convoqué par le tribunal international qui enquête sur des allégations de crimes de guerre durant le conflit contre les forces serbes (1998-99).

"J'ai reçu aujourd'hui, comme faisant partie des leaders de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), une invitation du tribunal spécial pour être entendu à la Haye le 4 décembre", a-t-il déclaré à la presse.

Il n'a pas précisé à quel titre il allait être entendu.

Créé en 2015, le tribunal spécial pour le Kosovo est chargé d'enquêter sur les crimes présumés commis par l'UCK, principalement contre des Serbes, des Roms et des opposants albanais à la guérilla pendant et après le conflit de 1998-99.

Financé par l'Union européenne et composé de juges internationaux, ce tribunal est toutefois une instance de droit kosovar, installée à La Haye par souci de protection des témoins.

Le tribunal avait été créé à la suite d'une enquête internationale consécutive à un rapport du Conseil de l'Europe qui avait mis en cause d'anciens commandants de l'UCK, dont l'actuel président du Kosovo Hashim Thaçi.

Kadri Veseli dirigeait les services de renseignement de l'UCK. Il est le président du Parlement sortant et dirige le PDK fondé par Hashim Taci, qui a perdu les législatives du 6 octobre.

Le rapport du Conseil de l'Europe avait évoqué la mort ou la disparition de 500 personnes, dont 400 Serbes, après le retrait des troupes serbes consécutif aux bombardements de l'Otan en juin 1999, quand l'UCK avait le contrôle "quasi exclusif" de la situation sur le terrain.

Le rapport Marty du nom de son auteur, le parlementaire suisse Dick Marty, évoquait notamment des exécutions sommaires, des enlèvements et un trafic d'organes prélevés sur des victimes.

D'après l'association des vétérans de guerre de l'UCK, une centaine de combattants albanais ont été convoqués pour l'instant à la Haye, parmi lesquels d'autres figures politiques de premier plan.

Le Premier ministre kosovar sortant Ramush Haradinaj a démissionné en juillet après avoir été convoqué par le tribunal spécial en tant que suspect.

Aucune inculpation n'a été rendue publique pour le moment.

Dernier conflit en ex-Yougoslavie, la guerre du Kosovo avait fait plus de 13.000 morts (environ 11.000 Kosovars albanais, 2.000 Serbes et quelques centaines de Roms).

Elle s'était terminée quand une campagne occidentale de bombardements avait contraint les forces serbes à se retirer. Vingt ans après, Belgrade ne reconnaît pas l'indépendance de son ancienne province.