Procès lié au génocide rwandais: l'accusé se présente comme l'ami des Tutsis

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Fabien Neretsé, ancien haut fonctionnaire rwandais accusé par la justice belge d'avoir pris part au génocide dans son pays en 1994, a balayé vendredi les témoignages le présentant comme un extrémiste hutu et nié toute hostilité à l'égard des Tutsis.

"Mes enfants n'ont jamais su à quelle ethnie ils appartenaient (...), il y avait toujours des Tutsis à la maison", a affirmé cet homme de 71 ans, interrogé pour la première fois au lendemain de l'ouverture des débats à la cour d'assises de Bruxelles.

"Tout ça n'est pas vrai, ça n'a jamais existé", a-t-il opposé à la présidente qui rappelait les témoignages versés au dossier le présentant comme un extrémiste hutu craint dans son quartier de Kigali.

Dans ce procès qui doit durer six semaines, M. Neretsé est accusé de "crimes de guerre", en l'occurrence des meurtres de treize civils commis entre avril et juillet 1994 au Rwanda.

Fait inédit devant la justice belge, il doit aussi répondre de "crime de génocide" pour s'être attaqué en particulier à la minorité tutsie, ce qu'il n'a cessé de nier. Il encourt la réclusion à perpétuité.

Ingénieur agronome ayant fondé une école dans son nord natal, Neretsé a aussi dirigé entre 1989 et 1992 l'OCIR-Café, l'Office national de promotion de la caféiculture, un poste clé concernant une des ressources les plus exportées du Rwanda.

Il était considéré comme "un seigneur local" dans sa région, d'après l'accusation.

Et en tant que figure du MRND, le parti fondé par le président Juvénal Habyarimana (dont l'assassinat le 6 avril 1994 déclencha le génocide), Fabien Neretsé est soupçonné d'avoir animé des réunions appelant à s'en prendre aux Tutsis, à la fois dans le nord et à Kigali.

Lui assure toutefois n'avoir été qu'"un membre non actif" de l'ex-parti unique, et vendredi il a affirmé n'être "plus allé à aucun meeting" après avoir été écarté en février 1992 de la direction de l'OCIR-Café.

Selon lui, il a été démis de ses fonctions de manière brutale au moment de l'émergence du multipartisme. Il semble en avoir nourri de la rancoeur à l'égard du MRND.

"Je ne pouvais pas entrer dans une milice d'un parti qui m'avait écarté, ce n'est pas possible", a-t-il lancé à la cour.

Parmi les treize meurtres reprochés à M. Neretsé, onze ont été commis le 9 avril 1994 dans le quartier de Kigali où il s'était installé en 1992.

Selon l'accusation il a fait intervenir des hommes armés pour empêcher ces voisins de fuir. Les onze ont été exécutés par balles. Trois d'entre eux était issus d'une famille belgo-rwandaise qui a porté plainte en Belgique.

M. Neretsé a été interpellé en 2011 en France.