Birmanie: les dates-clés de la crise des Rohingyas

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Depuis août 2017, quelque 740.000 musulmans rohingyas ont fui la Birmanie vers le Bangladesh après des exactions de l'armée et de milices bouddhistes, sur lesquelles la Cour pénale internationale (CPI) a autorisé jeudi l'ouverture d'une enquête. Voici les dates clés de cette crise:

- Attaques rebelles et représailles -

Le 25 août 2017, la rébellion rohingya lance une trentaine d'attaques contre des postes de police dans l'Etat Rakhine (ouest). Au moins douze policiers sont tués.

L'armée riposte avec des raids sur des villages rohingyas, présentés comme des opérations antiterroristes. Des témoins évoquent des tirs sur des civils fuyant vers le Bangladesh.

L'armée dit avoir tué 400 rebelles. Selon les détracteurs du régime, la majorité des victimes sont des civils. L'ONU évoque au moins 1.000 morts les deux premières semaines.

Début septembre, plus de 120.000 Rohingyas ont trouvé refuge au Bangladesh et découvert des camps surpeuplés: au moins 200.000 réfugiés s'y trouvaient déjà à la suite de violences antérieures.

- Aung San Suu Kyi sort du silence -

Le 19 septembre, dans un discours en anglais destiné à l'étranger, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi se dit ouverte à un retour de Rohingyas, selon des critères ambigus. La communauté internationale dénonce sa position floue sur les membres de cette minorité musulmane, des apatrides considérés par la société birmane comme des étrangers menaçant l'identité nationale.

La prix Nobel de la Paix, au pouvoir depuis 2016, visite la zone du conflit début novembre.

- Accord pour un retour -

Le 23 novembre, la Birmanie et le Bangladesh signent un accord au contenu flou sur le retour "dans les deux mois" des réfugiés, sans citer les Rohingyas.

Le lendemain, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) estime que les conditions pour un retour "sécurisé et durable" ne sont pas réunies. Le texte reste au point mort.

Le 2 décembre, au Bangladesh, après un voyage en Birmanie, le pape François demande "pardon" aux Rohingyas.

- "Eléments de génocide" -

Le 5 décembre, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme évoque des "éléments de génocide", réclamant une enquête internationale.

Le 27 août 2018, des enquêteurs de l'ONU demandent que la justice internationale poursuive le chef de l'armée birmane Min Aung Hlaing et cinq autres hauts gradés pour "génocide", "crimes contre l'humanité" et "crimes de guerre".

- Journalistes condamnés -

Le 3 septembre 2018, deux reporters birmans de Reuters accusés d'"atteinte au secret d'Etat" pour avoir enquêté sur un massacre de Rohingyas sont condamnés à sept ans de prison.

Sous la pression internationale, ils sont libérés le 7 mai 2019 après plus de 500 jours de détention.

- Examen préliminaire de la CPI -

En septembre 2018, la procureure de la CPI ouvre un examen préliminaire sur la déportation présumée des Rohingyas vers le Bangladesh.

Le 20 décembre, l'armée birmane mène de nouvelles "opérations de nettoyage" dans l'Etat Rakhine après des attaques, dont l'une imputée à des Rohingyas.

Le 29 mai 2019, Amnesty International accuse les militaires de "crimes de guerre", "exécutions extra-judiciaires" et "tortures".

- Sanctions américaines -

Le 16 juillet, Washington annonce des sanctions contre le chef de l'armée et trois autres responsables militaires.

A partir du 22 août, quelque 3.500 Rohingyas sont autorisés à rentrer en Birmanie s'ils le souhaitent, mais aucun ne se présente, faute de garanties de sécurité.

Le 16 septembre, l'ONU déclare que les quelque 600.000 Rohingyas restant en Birmanie vivent sous la menace d'un "génocide".

- Feu vert de la CPI à une enquête -

Le 14 novembre, la CPI donne son feu vert à une enquête sur des crimes présumés contre les Rohyngias, notamment des actes de violence et des déportations pouvant constituer des crimes contre l'humanité.

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