Rohingyas : la Birmanie rejette l'enquête de la CPI

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La Birmanie a dénoncé vendredi la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d'autoriser une enquête sur les crimes présumés commis sur son territoire contre la minorité musulmane rohingya, estimant qu'une telle enquête n'était "pas conforme au droit international".

La Cour, chargée de juger les pires atrocités commises dans le monde, a annoncé jeudi avoir "autorisé le procureur à enquêter sur les crimes présumés relevant de la compétence de la CPI" en Birmanie.

Il s'agit notamment d'actes de violence et de déportations pouvant constituer des crimes contre l'humanité.

La procureure de la CPI Fatou Bensouda avait ouvert un examen préliminaire en septembre 2018, après que la Cour établie à La Haye se fut déclarée compétente pour enquêter sur la déportation alléguée de cette minorité musulmane.

Mme Bensouda avait ensuite demandé en juin 2019 l'ouverture d'une véritable enquête, à laquelle les juges ont donné jeudi leur feu vert.

Plus de 740.000 musulmans rohingyas ont fui en août 2017 la Birmanie, dont la population est en majorité bouddhiste, après une offensive de l'armée en représailles à des attaques de postes-frontières par des rebelles rohingyas.

Persécutés par les forces armées birmanes et des milices bouddhistes, ils se sont réfugiés dans d'immenses campements de fortune au Bangladesh.

"L'enquête sur la Birmanie par la CPI n'est pas conforme au droit international", a affirmé le porte-parole du gouvernement Zaw Htay au cours d'une conférence de presse vendredi.

Il réitérait ainsi la position constante du gouvernement birman qui conteste la légitimité de la CPI dans cette affaire.

La Birmanie n'est pas un Etat membre du Statut de Rome, le traité fondateur de la Cour. Mais la CPI s'était déclarée l'an dernier compétente pour enquêter sur la déportation présumée des Rohingyas vers le Bangladesh, car ce pays est un Etat partie au traité.

Zaw Htay a réaffirmé que des comités mis en place par la Birmanie elle-même étaient chargés d'enquêter sur d'éventuelles exactions. "La Birmanie et son gouvernement ne sont pas dans le déni, nous ne fermons pas les yeux", a-t-il déclaré.