Bolivie : la présidente annonce qu'elle convoquera des élections dès ce mercredi

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La présidente par intérim de Bolivie, Jeanine Añez, a annoncé mercredi qu'elle allait convoquer des élections présidentielle et législatives dans les prochaines heures pour tenter de mettre fin à la crise qui secoue le pays depuis la présidentielle du 20 octobre, qui a coûté la vie à 32 personnes.

Les heurts entre les forces de l'ordre et des partisans de l'ancien président Evo Morales survenus mardi près de la raffinerie de Senkata, à quelques kilomètres de La Paz, ont fait huit morts, selon un nouveau bilan communiqué par le parquet général.

Les échauffourées ont éclaté alors que l'armée et la police dégageaient l'usine de combustible située à El Alto que des manifestants occupaient depuis la semaine dernière pour faire pression sur Mme Añez et exiger sa démission.

Ce nouveau bilan porte à 32 le nombre de personnes tuées dans les violences qui secouent le pays sud-américain depuis la présidentielle controversée du 20 octobre qu'Evo Morales avait affirmé avoir remportée.

Il a démissionné le 10 novembre sous la pression de la rue et après avoir été lâché par l'armée. Il est ensuite parti en exil au Mexique.

Le départ d'Evo Morales, premier président indigène de Bolivie, a entraîné des manifestations quasi-quotidiennes de ses partisans qui crient au "coup d'Etat".

Pour tenter de "pacifier" la Bolivie, Jeanine Añez, présidente intérimaire depuis le 12 novembre, a promis d'appeler rapidement ses concitoyens aux urnes. "Si Dieu le veut, aujourd'hui, dans la matinée, nous allons convoquer les élections, comme le réclame tout le pays", a-t-elle déclaré mercredi à la presse.

Jeanine Añez, qui était jusque-là sénatrice d'opposition, n'a pas précisé si elle appellerait à des élections par le biais d'une loi devant être votée au Parlement, où le Mouvement vers le socialisme (MAS) d'Evo Morales détient la majorité, ou par décret présidentiel.

Depuis Washington, l'Organisation des Etats américains (OEA) a approuvé une résolution appelant à la tenue "en toute urgence" de nouveaux scrutins au Bolivie.

- "Tout bloquer" -

Depuis la démission d'Evo Morales, ses partisans manifestent quotidiennement dans les rues de La Paz et dans certaines villes de province.

Les heurts les plus violents ont eu lieu à Cochabamba (centre), fief de M. Morales, où neuf personnes ont été tuées dans des affrontements avec la police et l'armée.

Depuis son exil mexicain, Evo Morales a appelé la communauté internationale à mettre fin à la répression des manifestants, une répression qu'il a assimilée à un "génocide".

Dans la matinée de mercredi, le ministre de l'Intérieur Arturo Murillo a diffusé devant la presse l'enregistrement d'une conversation téléphonique qu'il a présentée comme étant celle d'Evo Morales s'adressant à un leader du mouvement de protestation. "Ne laissez aucune denrée alimentaire dans les villes, nous allons tout bloquer et encercler" les villes, dit la voix que M. Murillo attribue à l'ancien président.

Cet ordre, a poursuivi le ministre, "est un crime contre l'humanité". "Dans les prochaines heures, nous allons porter plainte devant les instances internationales", a-t-il averti.

Une pénurie d'aliments se fait sentir dans les magasins et les restaurants de La Paz en raison des blocages de routes qui mènent aux régions agricoles de la Bolivie, dans le centre et l'est du pays.

Depuis le déblocage de la raffinerie de Senkata, une cinquantaine de camions-citerne ont pu aller approvisionner les stations-service de La Paz et de sa région.

Parallèlement, le gouvernement intérimaire participe à un dialogue initié lundi par l'Eglise qui réunit tous les partis et la société civile. Rien n'a encore filtré de ces pourparlers.