CPI: des victimes du conflit en Afghanistan demandent l'ouverture d'une enquête

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La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) et des victimes du conflit en Afghanistan ont plaidé mercredi pour l'ouverture d'une enquête pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre présumés, incluant des exactions de soldats américains.

Les juges de la CPI, basée à La Haye, avaient refusé en avril l'ouverture d'une enquête sur de tels crimes qui auraient été commis dans le pays déchiré par la guerre depuis 2003.

"C'est un jour historique pour rendre des comptes en Afghanistan", a déclaré Fergal Gaynor, une avocate plaidant la cause de 82 victimes.

La décision de refuser l'ouverture d'une enquête en Afghanistan "prive les victimes de tout, sans exagérer", a-t-elle ajouté lors de l'ouverture d'audiences qui se tiendront devant la Cour pendant trois jours.

La procureure générale de la CPI Fatou Bensouda souhaite examiner non seulement des crimes présumés commis par des soldats talibans et afghans, mais aussi par les forces internationales, notamment par les troupes américaines. Des allégations de tortures ont également été formulées à l'encontre de la CIA.

Des avocats représentant des personnes détenues par les États-Unis sur la base de Guantanamo à Cuba ont affirmé devant les juges que leurs clients avaient vécu "des années de tortures horribles".

L'administration du président américain Donald Trump s'est farouchement opposée à toute enquête de la CPI en Afghanistan, et a révoqué début avril le visa de la procureure Mme Bensouda.

Les Etats-Unis, qui ne sont pas membres de la Cour, avaient annoncé des sanctions sans précédent mi-mars à son encontre, avec des restrictions de visa contre toute personne "directement responsable" d'une éventuelle enquête "contre des militaires américains".

L'avocat personnel de Donald Trump, Jay Sekulow, était présent mercredi à la CPI pour défendre les intérêts des soldats américains au nom du Centre américain pour le droit et la justice.

"Les Etats-Unis sont à la fois désireux et capables d'engager des poursuites dans leurs propres affaires", a-t-il déclaré.

"Il s'agit d'une démarche de la procureure allant directement à l'encontre des intérêts américains", a-t-il ajouté devant les journalistes à l'issue de l'audience.

Le bureau du procureur de la CPI a ouvert en 2006 un examen préliminaire sur des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité présumés commis en Afghanistan. Mme Bensouda a ensuite demandé l'ouverture d'une enquête en 2017.

Les juges ont rejeté cette demande en avril dernier, estimant qu'une enquête "ne servirait pas les intérêts de la justice".