"Génocide" contre les Rohingyas en Birmanie: décision de la CIJ le 23 janvier

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La Cour internationale de justice (CIJ) se prononcera la semaine prochaine sur les mesures d'urgence demandées par la Gambie pour protéger les Rohingyas de nouvelles exactions de l'armée birmane, accusée de "génocide" à l'encontre de la minorité musulmane.

"La CIJ, principal organe judiciaire de l'ONU, rendra son ordonnance le jeudi 23 janvier à 10H00 (09H00 GMT)", a annoncé mercredi l'institution basée à La Haye.

Depuis août 2017, quelque 740.000 Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh pour fuir les exactions de militaires birmans et de milices bouddhistes.

La Gambie, soutenue par les 57 États membres de l'Organisation de la coopération islamique, accuse la Birmanie d'avoir violé la Convention des nations unies de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide.

Le Canada, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont également exprimé leur soutien envers l'initiative de la Gambie.

La cheffe de facto du gouvernement birman Aung San Suu Kyi s'était rendue à La Haye en décembre pour défendre en personne son pays, à majorité bouddhiste, devant la Cour.

La lauréate du prix Nobel de la paix, très critiquée par la communauté internationale pour son silence dans cette affaire, avait fermement rejeté les accusations selon lesquelles l'armée avait agi avec une "intention génocidaire".

Elle avait aussi mis en garde contre une procédure susceptible de "saper la réconciliation" des communautés en Birmanie.

Les autorités birmanes insistent sur le fait qu'elles mènent déjà leurs propres enquêtes sur ces exactions présumées, mais les observateurs mettent en doute l'impartialité de ces investigations.

La Gambie a demandé à la CIJ d'ordonner des mesures d'urgence pour protéger les Rohingyas restés en Birmanie de nouvelles exactions, citant "les assassinats extra-judiciaires", "les viols" et "la destruction de maisons et de villages".

Quelque 600.000 membres de la minorité musulmane vivent encore dans le pays, dans l'Etat Rakhine (ouest).

La Gambie demande également que les preuves des atrocités alléguées soient préservées.

La Cour, fondée après la Seconde Guerre mondiale pour régler les litiges entre États, ne rend que des avis consultatifs et ne dispose d'aucun moyen de contrainte. Ses décisions ne sont pas toujours appliquées par les pays.

Un arrêt définitif sur le fond de l'affaire pourrait prendre des années.

La Birmanie est mise en cause dans plusieurs autres procédures dans cette affaire, devant la Cour pénale internationale (CPI) et en Argentine.