Birmanie : les dates-clés de la crise des Rohingyas

2 min 44Temps de lecture approximatif

Les dates-clés de la crise des Rohingyas, après que la Cour internationale de justice a ordonné jeudi à la Birmanie de prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher que cette minorité musulmane ne soit victime d'un génocide.

Depuis août 2017, quelque 740.000 Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh pour fuir les exactions de l'armée birmane.

- Attaques rebelles et représailles -

Le 25 août 2017, la rébellion rohingya lance une trentaine d'attaques contre des postes de police dans l'Etat Rakhine (ouest). Au moins douze policiers sont tués.

L'armée riposte par des raids sur des villages rohingyas, présentés comme des opérations antiterroristes, et dit avoir tué 400 rebelles. Mais selon les opposants au régime, la majeure partie des victimes sont des civils. L'ONU évoque au moins 1.000 morts les deux premières semaines.

Début septembre, plus de 120.000 Rohingyas ont trouvé refuge au Bangladesh dans des camps de fortune déjà surpeuplés.

- Aung San Suu Kyi sort du silence -

Le 19 septembre 2017, dans un discours en anglais destiné à l'étranger, Aung San Suu Kyi se dit ouverte à un retour de Rohingyas. La communauté internationale dénonce son ambiguïté à l'égard de cette minorité musulmane, des apatrides considérés par la société birmane comme des étrangers menaçant l'identité nationale.

La lauréate du prix Nobel de la Paix, au pouvoir depuis 2016, visite la zone du conflit début novembre.

Le 23 novembre, la Birmanie et le Bangladesh signent un accord sur le retour "dans les deux mois" des réfugiés, mais sans citer les Rohingyas.

Le lendemain, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) estime que les conditions d'un retour "sécurisé et durable" ne sont pas réunies. Le texte reste lettre morte.

- "Eléments de génocide" -

Le 2 décembre 2017, au Bangladesh, après un voyage en Birmanie, le pape François demande "pardon" aux Rohingyas au nom de ceux qui les ont "persécutés".

Le 5, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme évoque des "éléments de génocide", réclamant une enquête internationale.

Le 27 août 2018, des enquêteurs de l'ONU demandent que la justice internationale poursuive le chef de l'armée birmane Min Aung Hlaing et cinq autres officiers de haut rang pour "génocide", "crimes contre l'humanité" et "crimes de guerre".

Le 20 décembre, l'armée birmane réalise de nouvelles "opérations de nettoyage" dans l'Etat Rakhine après des attaques, dont l'une imputée à des Rohingyas.

- Sanctions américaines -

Le 16 juillet 2019, Washington annonce des sanctions contre le chef de l'armée et trois autres responsables militaires.

A partir du 22 août, quelque 3.500 Rohingyas sont autorisés à rentrer en Birmanie s'ils le souhaitent, mais aucun ne se présente, faute de garanties de sécurité.

Le 16 septembre, l'ONU déclare que les quelque 600.000 Rohingyas restant en Birmanie vivent sous la menace d'un "génocide".

- Poursuites judiciaires -

Le 11 novembre 2019, la Gambie, mandatée par les 57 États membres de l'Organisation de la coopération islamique, entame une action contre la Birmanie pour "actes de génocide" devant la CIJ, la plus haute juridiction de l'ONU.

De son côté, la Cour pénale internationale (CPI), dont le siège est également à La Haye, donne son feu vert le 14 à une enquête sur les actes de violence et la déportation des Rohingyas.

Parallèlement, une plainte a été déposée en Argentine concernant les crimes contre les Rohingyas, en invoquant le principe de justice universelle.

- La CIJ ordonne des "mesures d'urgence" -

Le 11 décembre 2019, Aung San Suu Kyi, réfute devant la CIJ les accusations de génocide, démentant les allégations "trompeuses et incomplètes" de la Gambie.

Dans un rapport rendu public le 20 janvier 2020, une commission d'enquête birmane conclut que des membres des forces de sécurité ont bien commis des crimes de guerre à l'encontre des Rohingyas, mais que l'armée n'est pas coupable de génocide.

Le 23 janvier, la CIJ ordonne à la Birmanie de "prendre toutes les mesures en son pouvoir afin de prévenir la commission de tout acte entrant dans le champ d'application" de la Convention des Nations unies de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide.