Nigeria: des villages rasés par l'armée, selon Amnesty

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Amnesty International a appelé vendredi à une enquête sur des opérations de l'armée dans le nord-est du Nigeria, où des villages ont été rasés par les militaires en lutte contre les jihadistes, selon l'organisation de défense des droits humains.

Les attaques se sont intensifiées ces derniers mois dans le nord-est du Nigeria où sévissent les jihadistes de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP), branche du groupe nigérian Boko Haram affiliée au groupe Etat islamique (EI), en particulier autour de la route de Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno.

Sur la base d'interviews de 12 villageois et l'analyse de données satellite, Amnesty a affirmé que l'armée nigériane avait rasé trois villages sur une route menant à Maiduguri, après en avoir expulsé des centaines d'habitants les 3 et 4 janvier.

De tels actes "sans justification militaire impérieuse devraient faire l'objet d'une enquête pour possibles crimes de guerre", a déclaré à l'AFP Osai Ojigho, directeur d'Amnesty International pour le Nigeria.

"Ils reproduisent une pratique courante de la part de l'armée nigériane, de brutalités envers la population civile", a-t-il ajouté.

Des centaines d'habitants de ces villages ont été embarqués de force sur des camions militaires et emmenés dans un camp pour personnes déplacées à Maiduguri, selon Amnesty. Six hommes ont été détenus au secret par l'armée pendant près d'un mois, selon la même source.

L'armée nigériane avait annoncé dans un communiqué relayé par les médias locaux le 5 janvier avoir arrêté six membres présumés de Boko Haram et libéré 461 prisonniers "des griffes de rebelles criminels" lors d'une opération dans ces villages.

Le 9 février, au moins 30 civils ont été tués, la plupart brûlés vifs, au cours d'une attaque imputée aux jihadistes, au niveau du village d'Auno, le long d'une route menant à Maiduguri.

Des organisations nigérianes et internationales accusent régulièrement le Nigeria de violations des droits de l'homme dans sa lutte contre Boko Haram dans le nord-est du pays.

Selon l'ONU, ce conflit qui dure depuis 10 ans a fait plus de 36.000 morts et deux millions de déplacés. Il s'est propagé au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins.