La Suède lance une commission sur les abus passés à l'égard d'une minorité linguistique

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Le gouvernement suédois a annoncé jeudi la création d'une commission "vérité et réconciliation" pour se pencher sur les abus passés contre les locuteurs de meänkieli, une langue proche du finnois parlée par une minorité du nord du pays, victime d'une politique d'assimilation aux XIXe et XXe siècles.

"L'histoire ne peut pas, et ne se répétera pas", a fait valoir la ministre de la Culture et de la Démocratie Amanda Lind, dans un communiqué.

Le meänkieli est une langue minoritaire proche du finnois et parlée dans l'extrême nord de la Suède, près de la frontière finlandaise.

On estime aujourd'hui à 75.000 le nombre de locuteurs -- ou de gens qui comprennent le meänkieli au moins partiellement-- selon l'Association nationale des Tornédaliens suédois.

En 1999, le gouvernement suédois a reconnu le meänkieli comme langue minoritaire officielle, et ses locuteurs, les Tornedaliens (aussi appelés Kven ou Lantalaiset), comme minorité nationale.

Mais jusque dans les années 70, la Suède a eu une attitude discriminatoire envers de nombreuses minorités nationales, dont les locuteurs de meänkieli, conduisant une politique brutale d'assimilation à leur égard.

Cette commission s'appuiera sur une étude préliminaire des abus, conduite en 2016 et publiée en 2018 par l'Association nationale des Tornédaliens suédois.

Sur la base d'entretiens avec les victimes, elle détaille des histoires passées d'enfants interdits d'utiliser leur langue maternelle à l'école et autres dérives commises dans des internats - créés à l'origine pour les enfants pauvres au début du XXe siècle.

Kerstin Salomonsson, présidente de l'association, se dit heureuse que le gouvernement ait agi aussi rapidement pour mettre en place une commission.

"Nous sommes habitués à ce que tout ce qui concerne les minorités nationales soit discuté et débattu pendant des années, mais cela s'est passé étonnamment vite", a réagi Mme Salomonsson à l'AFP.

La nouvelle commission sera chargée d'examiner la politique d'assimilation suédoise et ses conséquences pour la minorité.

Elle n'évaluera cependant pas les questions de responsabilité concernant des cas individuels, ni n'accordera de compensation aux personnes touchées.

En 2019, le gouvernement suédois avait annoncé son intention de créer une commission de vérité pour les Sames de Suède (aussi appelé Samies et autrefois "lapon"), originaires du nord du pays et aussi touchés par des décennies d'assimilation. Il a depuis engagé un dialogue avec le parlement Same.