La France retire une décoration à un ancien de la dictature argentine

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Le gouvernement français a retiré une décoration attribuée en 1985 à un militaire argentin, en raison de sa condamnation pour crime contre l'humanité lors de la dictature (1976-1983), a annoncé jeudi le gouvernement de Buenos Aires.

"A la demande du gouvernement argentin, le ministère des Affaires étrangères a reçu la confirmation du fait que le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre, Edouard Philippe ont signé un décret par lequel ils retirent l'Ordre national du mérite que le pays avait attribué le 27 juin 1985 au responsable de la répression Ricardo Cavallo", a indiqué ce ministère dans un communiqué.

Le décret n'était pas paru au Journal officiel jeudi.

En 1985, M. Cavallo était attaché de la Marine à l'ambassade d'Argentine à Paris.

La demande de retrait de la décoration avait été faite par des survivants de la répression menée par la dictature, et transmise lors de la visite en France du président Alberto Fernandez.

M. Cavallo purge deux peines de prison à perpétuité, prononcées en 2011 pour de multiples faits de torture dans les locaux de l'Ecole de mécanique de la Marine à Buenos Aires, et en 2017 pour ce qu'on a appelé les "vols de la mort" (exécutions en jetant une victime depuis les airs).

Cavallo, aussi appelé "Sérpico" ou "Marcelo", 68 ans aujourd'hui, faisait partie d'un groupe appelé "Grupo de Tareas 3.3.2", responsable de milliers d'enlèvements, de séances de torture, de passages à tabac et d'assassinats. Deux de ses victimes en 1977 étaient françaises, les religieuses Alice Domon et Léonie Duquet.

La décoration était passée inaperçue jusqu'en 2010, date où le ministre des Affaires étrangers français de l'époque, Bernard Kouchner, avait confirmé à une organisation non gouvernementale, Nouveaux Droits de l'Homme, que la France l'avait bien attribuée.

Dans son communiqué, le ministère argentin a remercié M. Macron et son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian "pour la réponse rapide à une demande des victimes du terrorisme d'Etat".