Allemagne: un médecin syrien soupçonné de crimes contre l'humanité (presse)

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Un médecin syrien réfugié en Allemagne est visé par une enquête pour crimes contre l'humanité à Homs, affirme le Spiegel vendredi, alors que se tient un procès historique des exactions attribuées au régime syrien.

Présenté par l'hebdomadaire allemand comme "Hafiz A.", ce médecin qui exerce désormais dans l'Etat régional de Hesse est soupçonné d'avoir frappé, infligé de mauvais traitements et torturé des opposants au régime syrien blessés dans un hôpital militaire de Homs, haut lieu du soulèvement contre le président Bachar al-Assad à partir de mars 2011.

Sollicité par l'AFP, le Parquet général de Karlsruhe a refusé de commenter ces informations.

Dans cette enquête menée conjointement avec la chaîne de télévision du Qatar Al-Jazeera, Der Spiegel s'appuie sur quatre témoignages dont ceux de deux anciens médecins de l'établissement militaire, Maez al-Ghajar et Mohammed Wahbi.

Les deux autres témoins, qui ont chacun perdu un membre de leur famille victime de torture, l'ont formellement reconnu sur une photo la semaine dernière.

L'avocat de Hafez A. catégoriquement démenti ces accusations, assurant que son client, de confession chrétienne, était victime de "calomnies émanant des milieux islamistes radicaux".

Mais ses deux collègues médecins ont raconté qu'il s'était notamment vanté d'avoir opéré un opposant blessé sans anesthésie. Il a également aspergé d'alcool les parties génitales d'un autre opposant transporté dans une ambulance avant d'y mettre le feu.

Selon un autre témoignage, en octobre 2011, il a infligé des coups à un jeune homme atteint d'épilepsie avant de le forcer à mettre une chaussure dans sa bouche.

Hafez A. est arrivé en Allemagne en mai 2015 et travaille actuellement dans un hôpital d'une station thermale.

L'Allemagne, où plus de 700.000 Syriens ont trouvé refuge en neuf ans, a lancé dès 2011 une enquête structurelle sur les crimes commis en Syrie, rassemblant des documents et des témoignages sur ces exactions.

Depuis la fin avril se tient en outre le premier procès au monde de deux anciens agents des services de renseignement syriens à Coblence, accusés de torture sur des manifestants anti-régime au début du soulèvement en 2011.