"Quasi-impunité" dans la guerre contre la drogue aux Philippines

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La guerre déclarée à la drogue par le président philipin Rodrigo Duterte a donné lieu à des meurtres systématiques et à grande échelle dans un contexte de "quasi-impunité", a dénoncé jeudi un rapport de l'ONU qui demande une enquête indépendante.

Depuis 2016, la police a été encouragée, au plus au haut niveau, à tuer les trafiquants de drogue présumés et des milliers d'entre-eux ont été abattus par des policiers ou des tireurs masqués, a affirmé le bureau des Droits de l'Homme des Nations unies.

De nombreuses victimes avaient au préalable été inscrites sur des listes dites de "surveillance" établies par les autorités locales.

Des policiers se sont ensuite rendus à leur domicile où, souvent, ils les ont abattues en faisant valoir la légitime défense.

Cependant, des détails figurant dans les rapports de police remettent en cause cette version des faits, selon le bureau de l'ONU.

Ainsi, par exemple, deux armes de poing ont chacune été retrouvées sur cinq scènes différentes de crime.

"En dépit d'accusations crédibles d'homicides extrajudiciaires généralisés et systématiques dans le cadre de la guerre contre la drogue, il y a presque impunité pour de telles violations", pointe le rapport.

Le bureau de l'ONU a demandé "des enquêtes indépendantes, impartiales et crédibles au sujet de tout suspicion de violations graves des droits de l'Homme".

Ce rapport sera présenté en juin au Conseil des droits de l'homme des Nations unies qui l'avait commandé l'an dernier.

M. Duterte qui, à l'issue de son élection en 2016 a lancé une campagne sans merci contre le trafic de drogue, avait fustigé cette initiative et avait même suspendu temporairement les prêts et les subventions des nations ayant soutenu ce rapport.

Selon l'Agence philippine de lutte contre la drogue, les policiers ont tué environ 5.600 personnes suspectées de trafic de drogue au cours d'opérations officielles.

Selon des organisations, le véritable bilan est au moins trois fois plus élevé.

La Cour pénale internationale (CPI), a ouvert en février 2018 une enquête préliminaire sur les violences commises dans le cadre de cette répression féroce du trafic de drogue.

Même si les données concernant les personnes tuées ne sont pas nombreuses, la plupart semblent être des hommes pauvres vivant dans des zones urbaines et qui sont souvent des soutiens de famille, selon le rapport publié jeudi.