Polynésie: le leader indépendantiste Oscar Temaru attaque le procureur en justice

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Le leader indépendantiste polynésien Oscar Temaru, 75 ans, a assigné lundi (mardi heure de Paris) le procureur de la République de Papeete devant le tribunal pour atteinte à la présomption d'innocence, mais le procès, renvoyé au 22 juin, pourrait être dépaysé.

La présidente du tribunal s'est interrogée lundi sur sa propre impartialité, les magistrats se côtoyant quotidiennement au Palais de Justice de Papeete. Le procureur ne s'est pas présenté à l'audience.

Ancien président de la Polynésie française et maire depuis 1983 de Faa'a, une commune de Tahiti, Oscar Temaru reproche au procureur Hervé Leroy de l'avoir "présenté comme un voyou, un condamné" dans un communiqué de presse.

"Personne n'est au-dessus des lois, ni moi, ni lui", a déclaré Oscar Temaru à l'AFP à la sortie de l'audience.

En septembre 2019, Oscar Temaru a été condamné à six mois de prison avec sursis pour prise illégale d'intérêts, pour avoir fait financer par sa commune une radio qui faisait, selon le tribunal, la propagande de ses idées politiques. Il a fait appel.

Dans cette affaire, les frais d'avocat engagés par Oscar Temaru avaient été réglés par sa commune. Début juin, le parquet a saisi sur son compte la somme correspondante : 96.866 euros, estimant que "l'élu ainsi poursuivi et condamné ne peut bénéficier de la protection fonctionnelle".

Lundi, Oscar Temaru a également fait appel de cette ordonnance de saisie.

"C'est un peu facile, on commence par lui prendre toutes ses économies et ensuite on veut dépayser à Paris", a dénoncé à l'AFP le député Moetai Brotherson, proche d'Oscar Temaru.

Quelque 200 sympathisants sont venus soutenir Oscar Temaru devant le tribunal. Ce dernier a suspendu vendredi la grève de la faim qu'il avait entamée le lundi précédent pour "protester contre une Justice coloniale".

Oscar Temaru affirme qu'il est attaqué pour avoir obtenu la réinscription de la Polynésie française sur la liste de l'ONU des territoires à décoloniser, et pour avoir porté plainte contre la France, devant le tribunal international de La Haye, pour "crimes contre l'Humanité" en raison des essais nucléaires réalisés en Polynésie.