Hashim Thaçi, ancien chef de la guérilla kosovare, accusé de crimes de guerre

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Le président kosovar Hashim Thaçi, accusé mercredi de crimes de guerre par un tribunal international, est un ancien guérillero reconverti dans la politique, qui a mené son pays à l'indépendance de la Serbie en 2008.

Depuis deux décennies, Hashim Thaçi, 52 ans, occupe les devants de la scène politique kosovare.

Il avait été un commandant emblématique de la guérilla indépendantiste albanaise kosovare (UCK), qui a combattu les forces serbes durant le conflit de 1998-99, avant de devenir Premier ministre (2008-2014), puis le chef de la diplomatie, en décembre 2014.

De stature imposante, cheveux poivre et sel, élégant, Hashim Thaçi est président du Kosovo depuis avril 2016.

Reconverti en homme politique après le conflit, Thaçi a négocié avec ses anciens ennemis serbes et conclu en avril 2013, sous la houlette de l'Union européenne, un accord historique de "normalisation des relations" entre le Kosovo et la Serbie.

Mais le dialogue entre Belgrade et Pristina est en panne depuis fin 2018. Cette inculpation intervient au moment où l'Union européenne et les Etats-Unis déploient parallèlement des initiatives diplomatiques pour le relancer.

Une rencontre des dirigeants des deux pays est prévue le 27 juin à la Maison Blanche.

L'accord de 2013 a permis au Kosovo de signer avec Bruxelles un accord de "stabilisation et d'association", première étape sur le long chemin d'adhésion à l'Union européenne.

-"Nous n'avons rien à cacher"-

Dans un entretien accordé à l'AFP avant d'être élu président, Thaçi se voulait "symbole de l'unité de tous les citoyens du Kosovo".

Il assurait aussi soutenir pleinement le tribunal spécial de la Haye chargé des crimes de guerre commis par la guérilla kosovare.

"La lutte du Kosovo et de l'UCK était un combat juste et propre. Personne ne peut réécrire l'histoire", avait-il déclaré.

"Nous n'avons rien à cacher, nous répondront à toutes les demandes car nous soutenons pleinement l'idée que la justice soit faite", avait-il insisté.

Une campagne de frappes de l'Otan sur les forces serbes a mis fin à la guerre d'indépendance du Kosovo en 1999, un conflit qui a fait 13.000 morts, en majorité des Kosovars albanais.

Ses sympathisants font valoir qu'il est l'unique véritable homme d'État capable de communiquer avec la communauté internationale et de faire adhérer le pays à l'UE et l'Otan.

La popularité de Hashim Thaçi a atteint son pic lorsque le Kosovo a proclamé son indépendance en 2008.

Mais un coup très fort a ensuite été porté à sa réputation, en 2010, quand un rapport du Conseil de l'Europe a mentionné son nom ainsi que ceux d'autres responsables kosovars, dans une affaire de trafic d'organes dans des camps de détention pour des Serbes et des personnes soupçonnées de collaboration avec Belgrade.

Thaçi a fermement réfuté ces accusations portant sur une période où il était chef de la guérilla.

- De la résistance pacifique au maquis -

Né le 24 avril 1968 dans le village de Brocna, dans la région de la Drenica (centre), berceau du séparatisme kosovar albanais, Thaçi a participé dès le début des années 1990 à un mouvement de "résistance passive" face aux autorités de Belgrade.

Persuadé que cette politique impulsée par le "père de la nation" kosovare albanaise, Ibrahim Rugova, ne donnerait aucun résultat, il décida avec d'autres indépendantistes de créer un mouvement de guérilla au milieu des années 1990.

Condamné par contumace à 22 ans de prison pour terrorisme par un tribunal serbe, il se réfugie en Suisse où il étudie l'histoire.

En 1997, il retourne au Kosovo et fonde avec d'autres dirigeants indépendantistes l'UCK qui, en mai 1998, contrôle déjà un quart du territoire du Kosovo. Hashim Thaçi a alors à peine trente ans.

Pendant le conflit, Thaçi, alias "Le Serpent" dans la clandestinité, devient "Premier ministre" du "gouvernement provisoire" du Kosovo.

Il apparaît sur la scène politique internationale en 1999 à la conférence de paix de Rambouillet (France) où il s'affirme, fort du soutien des États-Unis, comme le chef des négociateurs kosovars albanais.

Marié et père d'un enfant, Thaçi parle anglais et allemand.