Le président kosovar accusé de crimes de guerre par la justice internationale

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Le président kosovar Hashim Thaci, ancien chef de la guérilla indépendantiste, a été rattrapé par son passé : le procureur du tribunal spécial pour le Kosovo l'a accusé mercredi de crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Hashim Thaci est inculpé pour "crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, y compris meurtre, disparition forcée de personnes, persécution et torture", lors du conflit contre la Serbie à la fin des années 90, a annoncé le tribunal basé à La Haye.

Le procureur du tribunal avait dressé en février les premiers actes d'accusation dans cette affaire, sans communiquer l'identité des suspects.

Créé en 2015, le tribunal spécial pour le Kosovo est chargé d'enquêter sur les crimes présumés commis par la guérilla indépendantiste kosovare albanaise (UCK), principalement contre des Serbes, des Roms et des opposants albanais à la guérilla pendant et après le conflit de 1998-99.

Président du Kosovo depuis 2016, M. Thaci devait se rendre mercredi à Washington en vue d'une réunion à la Maison Blanche samedi. Selon la presse kosovare, il était à bord d'un avion pour Washington "au moment de l'annonce" de la mise en accusation. Cette information n'a pas été confirmée par ses portes-paroles.

M. Thaci fait l'objet de dix chefs d'accusation émis le 24 avril et rendus publics mercredi, a précisé le tribunal spécial pour le Kosovo. Un juge "examine actuellement l'acte d'accusation pour décider s'il convient de confirmer les charges", selon le communiqué.

Ces accusations concernent également Kadri Veseli, l'ex-patron du renseignement de la guérilla kosovare et actuel dirigeant du Parti démocratique du Kosovo (PDK), ainsi que "d'autres personnes".

"L'acte d'accusation allègue que Hashim Thaci, Kadri Veseli et les autres suspects accusés sont pénalement responsables de près de 100 meurtres", a indiqué le tribunal.

- "Campagne secrète" -

Dernier conflit en ex-Yougoslavie, la guerre du Kosovo entre forces serbes et guérilla indépendantiste kosovare albanaise a fait plus de 13.000 morts (plus de 11.000 Kosovars albanais, 2.000 Serbes et quelques centaines de Roms).

Elle s'est terminée quand une campagne occidentale de bombardements a contraint les forces serbes à se retirer. Vingt ans après, Belgrade ne reconnaît pas l'indépendance de son ancienne province.

Interrogé par des médias en avril au sujet d'une éventuelle démission de son poste de président en cas de mise en accusation du tribunal spécial pour le Kosovo, M. Thaci a rétorqué: "Pourquoi devrais-je démissionner?".

"Je répondrai positivement (à l'invitation à comparaître devant le tribunal), mais je ne démissionnerai pas", a-t-il répondu.

Mercredi, le tribunal a évoqué "une campagne secrète" de la part de MM. Thaci et Veseli pour empêcher sa création et enrayer son travail "afin de garantir qu'ils ne soient pas traduits en justice".

"Le procureur spécialisé a jugé nécessaire d'émettre cet acte d'accusation public en raison des efforts répétés de Hashim Thaci et Kadri Veseli pour entraver et saper le travail" du tribunal.

"A travers ces actions, ils ont fait passer leurs intérêts personnels avant les victimes de leurs crimes, l'Etat de droit et tous les citoyens du Kosovo", a-t-il écrit.

Plusieurs hauts responsables kosovars avaient déjà été convoqués par le tribunal par le passé.

L'ex-Premier ministre kosovar Ramush Haradinaj a démissionné en juillet 2019 de ses fonctions après avoir été convoqué par le tribunal spécial en tant que suspect.