Polynésie : l'affaire qui oppose Oscar Temaru au procureur sera jugée à Nouméa

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Le tribunal des référés de Papeete a dépaysé mercredi (jeudi à Paris) à Nouméa l'affaire qui oppose le leader indépendantiste Oscar Temaru au procureur de la République Hervé Leroy, qu'il accuse d'atteinte à la présomption d'innocence.

Cette affaire ne devrait toutefois pas être jugée avant août, les vols entre la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie n'ayant pas encore repris.

Oscar Temaru, ex-président de la Polynésie française et maire de Faa'a, souhaitait que cette affaire soit jugée en Polynésie, mais les magistrats de Papeete estimaient difficile de juger en toute impartialité le procureur du même tribunal. Hervé Leroy avait souhaité que l'affaire soit dépaysée à Paris.

Le tribunal de Papeete a opté pour une solution intermédiaire en choisissant la juridiction la plus proche.

"Les tribus sont prêtes à m'accueillir", a déclaré Oscar Temaru à l'AFP, en référence à la population kanak dont une partie importante soutient ses idées indépendantistes.

Oscar Temaru avait été condamné en septembre 2019 à six mois de prison avec sursis et 42.000 euros d'amende, pour avoir fait financer par sa commune une radio jugée acquise à ses idées politiques. Oscar Temaru a fait appel de ce jugement. Or, le procureur l'a présenté dans un communiqué comme un "condamné", sans mentionner ses voies de recours. C'est pourquoi M. Temaru l'attaque pour atteinte à la présomption d'innocence.

Dans cette affaire, le procureur a par ailleurs fait saisir 96.866 euros sur le compte d'Oscar Temaru, une somme correspondant aux frais d'avocats engagés pour sa défense par la mairie de Faa'a. Mais le parquet estime que l'élu ne pouvait pas bénéficier de la protection fonctionnelle. Pour les avocats d'Oscar Temaru, cette somme a été saisie sans que leur client ait été poursuivi pour ce motif.

Sollicité par l'AFP, le procureur n'a pas souhaité s'exprimer.

Cette affaire revêt aussi une dimension politique, à quelques jours des élections municipales et à trois mois du référendum d'auto-détermination calédonien, observé avec attention par les indépendantistes océaniens.

A chaque déplacement au tribunal, Oscar Temaru est accompagné par une centaine de sympathisants indépendantistes. Samedi dernier, plus de mille Polynésiens ont marché "contre l'injustice" et "contre une justice coloniale".

Lui-même estime que l'Etat français veut l'écarter de la vie politique depuis qu'il a fait réinscrire en 2013 la Polynésie française sur la liste de l'Onu des territoires à décoloniser, et qu'il a déposé plainte contre la France pour crimes contre l'Humanité, en raison des essais nucléaires, devant la Cour pénale internationale en 2018.