Les Kosovars défendent leur "guerre juste" après la mise en accusation du président

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Au moment où le président Hashim Thaci rentrait chez lui jeudi pour affronter des accusations de crimes de guerre durant le conflit avec la Serbie, les Kosovars prenaient la défense d'une cause selon eux "juste", annonciatrice de l'indépendance.

Hashim Thaci est l'ancien commandant politique de la guérilla indépendantiste albanaise kosovare (UCK) qui lança la rébellion contre Belgrade il y a plus de 20 ans. Le Kosovo était toujours alors la province méridionale de la Serbie.

L'ancien guérilléro a été mis en accusation mercredi avec d'autres par les procureurs du tribunal spécial de la Haye pour une série de crimes présumés relatifs au conflit de 1998-99.

Ces crimes "impliquent des centaines de victimes connues d'origine albanaise, serbe et rom et d'autres origines et comprennent des opposants politiques".

Les procureurs ont expliqué vouloir rendre ces accusations publiques en raison des "tentatives répétées" d'Hashim Thaci notamment de "faire obstruction" aux travaux du tribunal. Celui-ci est une instance de droit kosovar mais est composé de juges internationaux.

Le président de l'ancienne province serbe, en route pour le Kosovo après avoir coupé court à une visite prévue à Washington pour discuter des relations difficiles avec la Serbie, n'a pas pour l'heure commenté ces accusations. Mais sur son profile Facebook, figure désormais le logo de la guérilla.

- "tribunal injuste" -

Les Kosovars sont venus au secours de la rébellion qui s'était soulevée contre Belgrade dans un conflit qui a fait 13.000 morts, pour la plupart des Albanais.

"Ce tribunal est injuste car il ne juge que les combattants de l'UCK", a réagi Qazim Fazlia, retraité à Pristina. "Nous savons que c'est la Serbie qui a commis des crimes au Kosovo".

Skender Musa, un avocat, a espéré que le tribunal spécial "blanchira" l'UCK. "Il est extrêmement certain qu'aucun soldat de l'UCK ayant porté l'uniforme n'a commis de crimes contre les civils serbes", a-t-il dit à l'AFP.

Le conflit avait pris fin avec une campagne de bombardements de l'Otan emmenée par les Etats-Unis, qui avait contraint les forces serbes à se retirer.

Des hauts responsables de l'armée et de la police serbes furent par la suite condamnés pour crimes de guerre par la justice internationale, lors du conflit durant lequel des milliers de civils albanais avaient été tués, torturés ou déplacés.

Mais la guérilla est également accusée d'atrocités contre des Serbes, des Roms et des opposants albanais pendant et après la guerre.

- Domination politique -

Nombre de commandants de la guérilla sont devenus des acteurs dominants de la scène politique du Kosovo qui avait proclamé son indépendance en 2008, toujours non reconnue par la Serbie.

D'abord comme Premier ministre puis aujourd'hui comme président, Hashim Thaci a dominé la vie politique.

Son bras droit, Kadri Veseli, l'ancien patron des renseignements de l'UCK qui dirige aujourd'hui un parti politique fondé par le président, a également été accusé de crimes de guerre. L'intéressé dénonce des accusations "fausses".

L'ambassadrice du Kosovo aux Etats-Unis, Vlora Citaku, qui est proche d'Hashim Thaci, a écrit sur Twitter: "Quand la poussière sera retombée et quand la fumée se sera dissipée, #KLA sera toujours le mouvement de libération le plus victorieux de l'histoire moderne".

L'ancien Premier ministre Ramush Haradinaj, également un ancien guérillero, a volé au secours du président.

"L'Armée de libération du Kosovo a mené une guerre pure, qui a débouché sur la liberté et la création de la République du Kosovo", a-t-il écrit sur Facebook.

"Nous croyons en l'innocence du président Thaci, du président (du parti) Veseli et de tous les autres camarades", poursuit-il.

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