RDC : 11 morts, dont des militaires et des policiers, dans une embuscade en Ituri

2 min 4Temps de lecture approximatif

Onze personnes, dont des notables, des militaires et des policiers, ont été tuées samedi dans une embuscade attribuée à une milice locale en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, a-t-on appris dimanche de source officielle.

L'embuscade a été attribuée aux miliciens de la secte ethnico-mystique Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), déjà accusée de massacres de civils dans cette région.

Deux véhicules sont tombés dans une "embuscade" entre le chef-lieu provincial, Bunia, et l'épicentre des violences, Djugu, à quelque 50 km vers le nord, a indiqué l'Administrateur du territoire de Djugu, Adel Alingi Mokuba.

"Le bilan est de onze morts, dont l'Administrateur du territoire adjoint en charge de l'Économie et finances, trois policiers et quatre militaires", a-t-il détaillé auprès de l'AFP.

Le convoi transportait "un ex-député provincial, un comptable, des policiers, des civils qui ont été sauvagement massacrés", a condamné le gouverneur de l'Ituri Jean Bamanisa dans un message vidéo.

Le gouverneur a demandé à la population de "continuer à faire confiance à l'État congolais" dans la lutte contre les tueurs, qu'il a mis en garde: "L'armée est là, l'armée n'a pas baissé les bras".

Vendredi, l'armée congolaise avait indiqué avoir tué sept combattants de la Codeco, qui prétend défendre les intérêts d'une communauté de l'Ituri, les Lendu (agriculteurs), en ciblant essentiellement une autre communauté, les Hema (éleveurs et commerçants).

Plus de 1.000 personnes, principalement des civils, ont été massacrées depuis la reprise des violences en Ituri en décembre 2017, dont 375 depuis mars de cette année, selon l'ONU. Des tueries régulièrement attribuées à la Codeco.

Ces tueries "pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale", a prévenu le 4 juin la procureure de la CPI Fatou Bensouda.

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme a accusé en juin la Codeco de poursuivre "une stratégie de massacres de résidents locaux, principalement Hema, mais aussi Alur, depuis 2017", afin de contrôler les ressources naturelles dans cette région aurifère.

Un conflit entre les milices des deux communautés Lendu et Hema, instrumentalisé par l'Ouganda voisin, avait fait des dizaines de milliers de morts entre 1999 et 2003.

Les violences ont repris pour des motifs obscurs fin 2017, sans cette fois que l'Ouganda semble y jouer un rôle. Les Hema n'ont pas reconstitué de milices, s'en remettant à l'autorité de l'État.

Juste avant l'attaque de samedi, une délégation d'anciens chefs de guerre du conflit de 1999-2003 était arrivée en Ituri pour tenter d'oeuvrer pour la paix à la demande du président Félix Tshisekedi.

Parmi eux figure Mathieu Ngudjolo, poursuivi puis acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) en 2015, a indiqué le gouverneur à l'AFP. Le nom de Germain Katanga, libéré en mars après avoir été condamné par la CPI, est également cité par des médias locaux.

Condamnant les attaques des milices en Ituri et dans le Nord-Kivu voisin, l'ambassadeur de l'Union européenne (UE) en RDC Jean-Marc Châtaigner a appelé sur Twitter à "soutenir les efforts" de l'armée congolaise et de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) "pour les empêcher de nuire".