Nouvel échange entre Macron et le président algérien, sur fond de rapprochement

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Le chef de l'Etat algérien Abdelmadjid Tebboune a reçu jeudi un appel téléphonique d'Emmanuel Macron, a annoncé la présidence algérienne, au moment où se dessine un rapprochement entre l'Algérie et la France, l'ex-puissance coloniale.

L'entretien - le troisième en moins de six semaines - a porté sur la question mémorielle ainsi que sur la situation en Libye et au Sahel, selon un communiqué de la présidence.

Il survient quelques jours après la remise par la France des restes de 24 combattants algériens tués au début de la colonisation française au XIXe siècle.

"L'entretien (...) a permis aux deux présidents de passer en revue un certain nombre de questions (...), notamment celles liées à la mémoire et au centre desquelles s'est retrouvée celle de la restitution, le 3 juillet dernier, des restes de vingt-quatre combattants de la résistance algérienne comme de ceux qui demeurent encore à rapatrier et du besoin de travailler à la réconciliation des mémoires des peuples des deux pays", a expliqué la présidence algérienne.

La restitution des ossements - des crânes - par la France est un signe fort de dégel dans les relations entre Alger et Paris, marquées depuis l'indépendance en 1962 par des polémiques et des crispations.

Dans un entretien avec la chaîne de télévision France 24, samedi, M. Tebboune a déclaré attendre des excuses de la France pour la colonisation de l'Algérie afin "d'apaiser le climat et le rendre plus serein".

Le président algérien avait également couvert de louanges son homologue français, "quelqu'un de très honnête" susceptible de contribuer à ce climat d'apaisement.

En décembre 2017 à Alger, M. Macron s'était engagé à restituer les crânes d'Algériens entreposés depuis le XIXe siècle dans les collections du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris.

La même année, mais avant son élection, il avait qualifié, également dans la capitale algérienne, la colonisation de l'Algérie de "crime contre l'humanité", s'attirant des critiques de responsables français de droite.

Des dirigeants politiques algériens ont par ailleurs critiqué jeudi Marine Le Pen, sans la nommer, et le "lobby colonialiste", après que la dirigeante du Rassemblement national (RN, extrême droite) a rejeté les demandes d'excuses d'Alger pour le passé colonial.

"Les dirigeants algériens demandent des excuses pour le passé, afin de masquer le présent : une économie en ruine, une jeunesse délaissée, un pays en voie de déclassement. Il est temps qu'ils regardent en face le résultat de 60 ans d'indépendance", a récemment tweeté Mme Le Pen.

La question de la mémoire reste au coeur des relations conflictuelles entre la France et l'Algérie, où la perception est que Paris ne fait pas assez pour se repentir de son passé colonial.

Dans leur entretien téléphonique, MM. Tebboune et Macron ont également échangé "sur la situation prévalant dans la région, notamment en Libye et au Sahel", ajoute le communiqué.

Les deux chefs d'Etat "sont convenus de maintenir la coordination et la concertation entre les deux pays, en tant qu'acteurs incontournables dans la région, et de lancer un certain nombre d'initiatives visant à promouvoir des solutions politiques aux crises qui y prévalent".

Paris comme Alger s'inquiètent de la situation en Libye, avec l'implication croissante de la Turquie et de la Russie. L'Algérie qui partage près de 1.000 km de frontières avec la Libye s'active depuis plusieurs mois pour tenter d'oeuvrer au règlement politique du conflit dans ce pays qui menace la stabilité régionale.

Le président Tebboune a proposé d'héberger à Alger un "dialogue" interlibyen.

Au Sahel, l'Algérie, qui craint les risques d'instabilité sur son flanc sud, a servi de médiateur en 2014-2015 entre le gouvernement de Bamako et des groupes rebelles armés du nord du Mali.