Serbie-Kosovo : le dialogue "de nouveau sur les rails" avant le RV de Bruxelles

2 min 53Temps de lecture approximatif

Le dialogue entre la Serbie et le Kosovo est "de nouveau sur les rails" s'est félicitée l'Union européenne dimanche, à l'issue d'une réunion virtuelle entre leurs dirigeants et avant leur rendez-vous jeudi à Bruxelles qui se déroulera en face-à-face.

La réunion de dimanche entre le président serbe Aleksandar Vucic et le Premier ministre kosovar Avdullah Hoti a eu lieu sous les auspices de l'UE.

L'Union a repris la main sur ce dossier épineux avec l'objectif de normaliser les relations entre la Serbie et son ancienne province qui a proclamé son indépendance en 2008.

"Je suis heureux de pouvoir dire qu'après le sommet de Paris et la rencontre d'aujourd'hui, le dialogue facilité par l'UE en vue d'une normalisation des relations Serbie-Kosovo est de nouveau sur les rails", a déclaré le représentant spécial de l'UE pour les Balkans occidentaux, Miroslav Lajcak, qui assistait à la visioconférence.

"Nous nous sommes mis d'accord sur les principaux éléments du processus ainsi que sur l'agenda de la rencontre de jeudi qui se tiendra physiquement", a ajouté le diplomate slovaque.

Il a remercié les deux responsables pour "leur engagement constructif".

Le président Vucic n'a pas dissimulé dimanche soir la difficulté de la tâche. "En ce qui concerne la situation au sujet du Kosovo elle est compliquée et difficile pour nous", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision privée serbe Pink. "Notre route vers une adhésion à l'UE dépend de ces discussions, les investissements étrangers dépendent de ces discussions avec les Albanais. En même temps nous devons tenir compte de notre peuple au Kosovo et nous devons sauvegarder nos intérêts vitaux", a-t-il analysé. "Cela ne sera pas facile".

Dans une déclaration remise aux médias kosovars après la réunion virtuelle, le Premier ministre du Kosovo a déclaré: "Il n'y a pas d'alternative au dialogue (...). Au cours de ce processus, nous espérons une reconnaissance mutuelle et la normalisation des relations".

Il a souligné que la rencontre de jeudi serait la première depuis l'interruption du dialogue entre Belgrade et Pristina il y a 20 mois.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, qui s'est entretenu séparément avec les deux responsables avant la réunion, les avait appelés à faire preuve de "courage politique".

- "Essayer encore" -

"Ce n'est jamais facile de trouver des solutions à des problèmes qui durent depuis si longtemps et ont été tellement douloureux, mais c'est pour cela que nous sommes ici aujourd'hui, pour essayer encore", a déclaré M. Borrell, ajoutant que la situation actuelle "empêche le développement des deux côtés".

Depuis la proclamation de son indépendance, le Kosovo est reconnu par plus de 100 pays membres des Nations unies et 22 Etats sur 27 au sein de l'UE mais la Serbie refuse de reconnaître cette indépendance, proclamée à l'issue d'une guerre sanglante en 1998-99.

Ce refus de Belgrade, dont la position est suivie par la Russie et la Chine, bloque la reconnaissance formelle du Kosovo par les Nations unies.

Pour la Serbie, l'absence de normalisation est un obstacle majeur sur la route de son adhésion à l'UE.

MM. Hoti et Vucic s'étaient entretenus pour la première fois vendredi, toujours à distance, en présence de la chancelière allemande Angela Merkel, du président français Emmanuel Macron et des représentants de l'UE.

Le président kosovar, Hashim Thaçi, est empêché de participer à ce processus par sa mise en accusation pour crimes de guerre.

Les Etats-Unis, qui avaient été l'un des principaux acteurs de l'opération de l'Otan contre les Serbes en 1999, avaient souhaité organiser un sommet Serbie-Kosovo à la Maison Blanche le 27 juin.

Mais la mise en accusation de M. Thaçi par le tribunal spécial de la Haye au même moment a entraîné son report sine die.

"Nous discutons depuis dix ans sans grand succès. Espérons que cette fois, c'est le bon moment pour faire des progrès", avait souligné avant la rencontre de dimanche un haut responsable européen, sous couvert de l'anonymat.

Avertissant que de nombreuses difficultés se dressent sur le chemin d'une normalisation, il a exprimé l'espoir que cette nouvelle séquence de dialogue soit "le début de l'histoire".

La guerre du Kosovo entre forces serbes et guérilla indépendantiste kosovare albanaise a fait plus de 13.000 morts, des Albanais pour la plupart. Elle s'est terminée quand une campagne occidentale de bombardements a contraint les forces serbes à se retirer.