Josu Ternera, dirigeant historique de l'ETA, face à la justice française

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Il va faire face à la justice française après des années de cavale: Josu Ternera, ancien chef de l'organisation séparatiste basque ETA, doit être rejugé lors de deux procès consécutifs à Paris à partir de lundi.

Ancien chef de l'appareil politique de l'ETA, Josu Antonio Urrutikoetxea Bengoetxea de son vrai nom a été arrêté en mai 2019 sur le parking d'un hôpital français des Alpes, où il se rendait pour être soigné.

Dans la clandestinité depuis 2002, il a été jugé par défaut en France pour "association de malfaiteurs terroristes" dans deux dossiers. Dans le premier, il a été condamné en 2010 à cinq ans de prison en première instance puis sept ans en appel. Pour le second, il a écopé en 2017 de huit ans de prison.

Comme ces peines ont été prononcées en son absence, il a pu demander à être rejugé en personne.

Lundi et mardi, il doit ainsi comparaître devant la cour d'appel de Paris pour son appartenance à l'Euskadi Ta Askatasuna ("Pays basque et liberté") entre 2002 et 2005. Ses empreintes et celles de son fils ont été retrouvées en 2002 dans des caches de l'ETA à Lourdes (Hautes-Pyrénées) et Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), ainsi que dans un véhicule.

A cette période, Josu Urrutikoetxea préparait des pourparlers de paix à Genève, fait valoir sa défense, qui a fait citer au procès plusieurs acteurs de l'époque, notamment l'ancien secrétaire général d'Interpol Raymond Kendall ou encore Jesus Eguiguren, responsable socialiste basque.

Mercredi et jeudi, il doit ensuite comparaître devant le tribunal judiciaire de Paris pour, cette fois, son rôle présumé au sein de l'appareil politique d'ETA entre 2010 et 2013.

Les enquêteurs avaient retrouvé sa trace en Ariège en juillet 2013, dans un village où il se faisait appeler Daniel. Seul sa compagne avait cependant été interpellée et les investigations avaient ensuite échoué à le localiser. Pendant ces années, il a participé à d'autres négociations avec le gouvernement espagnol, cette fois à Oslo.

En 2019, son renvoi devant la justice avait été annulé du fait d'irrégularités et l'affaire renvoyée à un juge d'instruction, qui a dû rédiger une nouvelle ordonnance.

Aujourd'hui âgé de 69 ans, souffrant de problèmes de santé, Josu Urrutikoetxea n'est plus incarcéré: le 30 juillet, il a été assigné à résidence sous bracelet électronique.

- Extradition -

A partir de la fin des années 1970, cet homme né près de Bilbao a été le chef politique de l'ETA, tour à tour inspirateur d'une stratégie d'attentats meurtriers puis promoteur de négociations de paix avec l'Etat espagnol.

Il a été arrêté une première fois en France en 1989 à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) puis condamné à dix ans de prison et expulsé vers l'Espagne en 1996.

Elu en 1998 au Parlement autonome basque espagnol, Josu Urrutikoetxea a été désigné en 1999 comme l'un des trois négociateurs dans le processus de paix finalement avorté. C'est lui qui, le 3 mai 2018, a annoncé la dissolution de l'organisation.

Créée en 1959 sous la dictature de Franco, l'ETA est accusée d'avoir tué au moins 853 personnes durant quatre décennies de violence au nom de l'indépendance du Pays Basque.

Ces deux procès français pourraient en préfigurer d'autres en Espagne, qui demande son extradition dans quatre dossiers.

En septembre 2019, la justice française a approuvé une demande portant sur son implication présumée dans un attentat contre une caserne de la Garde civile espagnole qui avait fait 11 morts en 1987 à Saragosse (nord).

Le sexagénaire a cependant formé un recours auprès de la Cour de cassation, la plus haute juridiction judiciaire française.

Sa remise aux autorités espagnoles a par ailleurs été autorisée en vertu d'un mandat d'arrêt européen concernant sa participation supposée à des réunions non autorisées en 2000. Là aussi, il s'est pourvu en cassation.

Au contraire, la justice française a refusé le 1er juillet d'appliquer un mandat concernant des "crimes contre l'humanité" dont la justice espagnole l'accusait entre 2001 et 2007.

Enfin, une décision doit être rendue le 18 novembre sur une autre demande d'extradition, relative à des soupçons d'implication dans l'assassinat d'un cadre de Michelin à Vittoria le 25 juin 1980.

alv/pa/eb

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