Journaliste emprisonné en Erythrée: plainte en Suède contre le président

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La section suédoise de Reporters sans frontières (RSF) a déposé plainte mercredi en Suède contre des responsables érythréens, dont le président Isaias Afewerki, concernant l'emprisonnement depuis près de 20 ans d'un journaliste ayant la double nationalité, Dawit Isaak.

Cette plainte a été déposée à la police suédoise par RSF et le frère du journaliste: elle accuse le président érythréen, son ministre des Affaires étrangères Osman Saleh Mohammed et cinq autres responsables de "crimes contre l'humanité, disparition forcée, torture et enlèvement".

Prix Nobel la paix 2003, l'Iranienne Shirin Ebadi ainsi que l'ancienne haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, la Sud-africaine Navanethem Pillay, se sont associées à cette plainte.

Le journaliste Dawit Isaak a été arrêté le 23 septembre 2001 après la publication dans le journal qu'il avait créé en Erythrée d'articles réclamant des réformes dans son pays.

Il s'était réfugié en Suède en 1987 au moment de la guerre avec l'Éthiopie qui devait aboutir à l'indépendance en 1993 de l'Erythrée où il était retourné en 2001.

Ce pays est classé parmi les trois pays les plus répressifs à l'égard de la presse et les journalistes, derrière la Corée du Nord et le Turkménistan.

Plusieurs plaintes similaires ont déjà été déposées en Suède, notamment en 2014, année de l'adoption dans ce pays d'une législation permettant de saisir la justice suédoise pour ce type de crimes.

A l'époque, le procureur général suédois avait estimé que donner suite à une plainte, même fondée, contre le régime érythréen risquait "de réduire la possibilité que Dawit Isaak soit libéré".

RSF espère que cette fois, il en ira différemment, tout particulièrement après des déclarations l'an dernier de la ministre suédoise des Affaires étrangères Ann Linde, qui avait estimé qu'en dépit d'appels répétés, il n'y avait pas eu à ce jour "de changements notables en Erythrée".

"Quand la diplomatie ne mène nulle part, il y a aussi la voie judiciaire", a déclaré à l'AFP, Bjorn Tunback, un dirigeant de RSF Suède chargé de l'affaire Isaak. "La loi est là pour protéger les individus et c'est ce que nous essayons de faire maintenant" avec cette plainte, a-t-il ajouté.