Pérou: des crises politiques en série depuis la destitution de Fujimori

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Le Pérou, qui se retrouve sans chef d'Etat après la démission du président intérimaire au pouvoir depuis cinq jours, a connu une série de crises politiques depuis la destitution d'Alberto Fujimori en 2000.

- Destitution de Fujimori -

Le 21 novembre 2000, après un scandale de corruption, le Parlement destitue pour "incapacité morale permanente" Alberto Fujimori, président depuis 1990, qui a présenté la veille sa démission depuis le Japon où il a fui.

Extradé, il est condamné en 2009 à 25 ans de prison pour corruption et crime contre l'humanité. Il bénéficie en 2017 d'une grâce présidentielle controversée, annulée en 2018.

- Crises gouvernementales -

En 2003, le président centriste Alejandro Toledo, décrète l'Etat d'urgence face à une vague de mécontentement social. Une partie de l'opposition et de la presse demande son départ "pour incompétence". Le gouvernement démissionne en bloc.

En 2008, le président social-démocrate Alan Garcia accepte la démission du gouvernement après la découverte d'une affaire présumée de corruption en faveur de la compagnie pétrolière norvégienne Discover Petroleum.

- La gauche au pouvoir -

Le 6 juin 2011, Ollanta Humala devient le premier président de gauche au Pérou depuis 36 ans. Un an plus tard, les membres de son gouvernement, critiqués pour leur gestion des conflits sociaux qui ont fait 17 morts les derniers mois, démissionnent.

En 2015, la cheffe du gouvernement Ana Jara est renversée par une motion de censure, une première en 50 ans, après une affaire d'espionnage massif par les services de renseignement.

- Démission de Kuczynski -

Elu en 2016, le président Pedro Pablo Kuczynski est visé par une enquête pour blanchiment d'argent présumé dans le vaste scandale de corruption du géant brésilien de BTP Odebrecht, qui secoue le continent.

Odebrecht a reconnu avoir versé à la classe politique péruvienne 29 millions de dollars de pots-de-vin entre 2005 et 2014.

Le 21 mars 2018, "PPK" démissionne à la veille d'un probable vote parlementaire pour le destituer.

Il est placé en détention provisoire, puis en résidence surveillée.

- Humala détenu -

Ollanta Humala est placé en détention provisoire en juillet 2017, accusé d'avoir reçu trois millions de dollars d'Odebrecht lors de sa campagne électorale.

En avril 2018, le Tribunal constitutionnel ordonne sa libération et celle de son épouse.

Ils sont inculpés en mai 2019 pour blanchiment d'argent présumé.

- Keiko Fujimori arrêtée -

La cheffe de l'opposition Keiko Fujimori, fille d'Alberto, également sous le coup d'une enquête dans l'affaire Odebrecht, est arrêtée en octobre 2018 et effectue 13 mois de détention préventive. A nouveau incarcérée fin janvier 2020, elle est libérée sous caution trois mois plus tard.

- Garcia se suicide -

Soupçonné dans une affaire de blanchiment d'argent présumé liée au scandale Odebrecht, l'ex-président Alan Garcia se suicide le 17 avril 2019 juste avant son arrestation.

Également soupçonné de corruption dans ce scandale, l'ex-président Alejandro Toledo est arrêté mi-2019 aux États-Unis en vue d'une extradition.

- Vizcarra dissout le Parlement

Le 30 septembre 2019, le président Martin Vizcarra dissout le Parlement contrôlé par l'opposition fujimoriste et annonce des législatives anticipées.

Le Parlement riposte, suspendant pour un an le président pour "incapacité morale" et votant son remplacement par la vice-présidente Mercedes Araoz.

Mais les chefs militaires, la police et des gouverneurs régionaux soutiennent le président. Mme Araoz démissionne.

En janvier 2020, les fujimoristes perdent les législatives.

- Vizcarra destitué -

Le 9 novembre, le Parlement vote la destitution de Martin Vizcarra pour "incapacité morale", sur fond d'accusation de pots-de-vins présumés reçus en tant que gouverneur en 2014.

Le chef du Parlement Manuel Merino devient président intérimaire mais démissionne cinq jours plus tard, sous la pression de la rue et de la classe politique.

Dans la nuit de dimanche à lundi, le Parlement échoue a élire un successeur.