La Croatie commémore la chute de Vukovar malgré la pandémie

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Des milliers de Croates ont commémoré mercredi la chute de Vukovar, l'un des épisodes les plus meurtriers des guerres de l'ex-Yougoslavie, malgré les avertissements des médecins en pleine recrudescence du coronavirus.

Les autorités avaient recommandé que 500 personnes participent à la manifestation dans cette ville de l'est du pays, prise par les Serbes au début de la guerre d'indépendance en 1991.

Mais jusqu'à 10.000 personnes selon la presse locale, certaines sans masque, ont marché de l'hôpital, symbole de résistance de la ville, jusqu'au cimetière pour y déposer des gerbes et allumer des bougies.

La Croatie interdit en principe les rassemblements de plus de 50 personnes. Mais la cellule de gestion de la crise sanitaire a décidé voici quelques jours que la règle ne s'appliquerait pas aux manifestations marquant les jours fériés, comme c'est le cas de cette Journée du souvenir de Vukovar.

Une association de médecins hospitaliers a dénoncé une décision "hypocrite et lâche", appelant les gens à observer "les mesures valides pour nous tous dans toutes les situations".

Le pays de 4,2 millions d'habitants a annoncé mercredi 3.251 contaminations nouvelles, un record. Au total, le pays a recensé 1.151 décès.

Chaque années, des dizaines de milliers de personnes se rassemblent à Vukovar, petite ville sur le Danube, pour se rappeler sa chute après un siège de trois mois par l'armée yougoslave (JNA) et les paramilitaires serbes. La "Stalingrad" croate avait été pratiquement rasée et plus de 1.600 personnes avaient été tuées.

Après la prise de la ville, la JNA avait capturé environ 400 blessés qui se trouvaient à l'hôpital, des Croates et autres non Serbes. Environ 260 d'entre eux avaient été transportés jusqu'à une ferme d'élevage porcin où ils furent battus, tués et enterrés dans des fosses communes.

Environ 22.000 non Serbes avaient été expulsés après la prise de la ville.

Le Premier ministre adjoint d'origine serbe Boris Milosevic a participé aux commémorations.

Evoquant un "message pour l'avenir", le chef du gouvernement Andrej Plenkovic a déclaré que son pays avait "la force de faire des pas pour la coexistence et la réconciliation".

Vingt-cinq ans après la fin de la guerre, les relations entre les communautés serbe et croate restent tendues, de même qu'avec la Serbie.

Deux anciens officiers de la JNA, Veselin Sljivancanin et Mile Mrksic ont été condamnés par la justice internationale à 10 et à 20 ans de prison pour le massacre de la ferme d'Ovcara.

La proclamation d'indépendance de la Croatie en juin 1991 avait sonné le début de la guerre avec les forces serbes soutenues par Belgrade, un conflit qui avait fait 20.000 morts.