Afrique du Sud: Béchir exfiltré par la protection rapprochée de Zuma (presse)

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Le président soudanais Omar el-Béchir, recherché pour génocide par la Cour pénale internationale (CPI), a été exfiltré d'Afrique du Sud pendant le sommet de l'Union africaine par des policiers chargés de la protection rapprochée du président Jacob Zuma, affirme dimanche le Sunday Times.

L'Afrique du Sud est l'un des membres fondateurs de la CPI et une ONG de défense des droits de l'homme avait saisi en urgence la justice pour que M. el-Béchir soit arrêté.

Or, selon le Sunday Times qui cite sans les nommer plusieurs sources haut placées, un plan avait été préparé d'avance par cinq ministres (Défense, Police, Sécurité d'Etat, Présidence et Affaires étrangères) pour que M. el-Béchir ne soit pas inquiété.

"Après cette réunion, M. el-Béchir a reçu le feu vert pour venir en Afrique du Sud et une protection maximum lui a été garantie", a déclaré au journal dominical un haut fonctionnaire ayant personnellement suivi le dossier.

Prenant de vitesse le juge, le gouvernement de Pretoria a ensuite mobilisé des membres de l'unité de protection présidentielle pour superviser l'escorte de M. el-Béchir.

Le dirigeant soudanais, inculpé pour des crimes commis au Darfour, a pu ainsi quitter son hôtel et gagner la base militaire de Waterkloof, où son avion était revenu se positionner la veille par précaution.

"Quand les gens ont commencé à faire du tapage dimanche pour dire qu'il devait être arrêté, nous avons dit à el-Béchir de se détendre car il n'était pas question qu'il soit arrêté", a raconté une source sécuritaire au Sunday Times.

Le gouvernement sud-africain est censé s'expliquer d'ici vendredi sur les circonstances dans lesquelles M. el-Béchir a pu partir, en violation de la Constitution et d'un ordre du tribunal de Pretoria.

Depuis plusieurs jours, plusieurs dirigeants de l'ANC ne se donnent cependant même plus la peine de savoir si Pretoria était ou non dans son droit, affirmant que la CPI a vécu et qu'il est temps pour l'Afrique du Sud de se retirer d'une institution accusée de parti-pris contre l'Afrique.

"Choisir l'Afrique contre la Cour pénale internationale était la meilleure décision", confie ainsi au Sunday Times Obed Bapela, un membre de la direction du parti chargé des relations internationales. "Nous avons adhéré volontairement, nous partirons volontairement".

M. el-Béchir, au pouvoir depuis 1989, a été inculpé de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocide dans le conflit au Darfour qui a fait plus de 300.000 morts et deux millions de déplacés.

L'Afrique du Sud entretient un contingent de 850 hommes au Darfour dans le cadre des efforts de paix conjoints de l'Onu et de l'UA.