24.06.11 - TPIR/BUTARE - LE PROCUREUR SALUE LA CONDAMNATION D'UNE EX-MINISTRE ET SES CO-ACCUSES

Arusha, 24 juin 2011(FH) - Le bureau du procureur auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a salué vendredi la condamnation le même jour de l'ex-ministre de la Famille et de la promotion féminine Pauline Nyiramasuhuko, et de cinq autres personnes.

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Prière femme jugée pour génocide devant un tribunal international, l'ex-ministre a écopé de la perpétuité après avoir été reconnue coupable d'entente en vue de commettre le génocide, génocide, extermination, viols, persécution, violence à la vie, autres actes inhumains et outrage à la dignité de la personne humaine.

Son fils Arsène Shalom Ntahobali, et l'ancien maire de Muganza, (sud), Elie Ndayambaje ont également été condamnés à la prison à vie.

L'ancien maire de Ngoma (sud) Joseph Kanyabashi s'est vu infliger 35 ans de réclusion tandis que les anciens préfets de Butare, Sylvain Nsabimana et Alphonse Nteziryayo ont écopé respectivement de 25 et 30 ans d'emprisonnement.

 « Le procureur salue le verdict et les peines prononcées », s'est réjoui l'Ougandais Richard Karegyesa, chef des poursuites au TPIR. Il a souligné que le procès avait été « complexe et long » et remercié les témoins à charge pour avoir accepté de venir relater devant la chambre leur calvaire en 1994.

La Tanzanienne Holo Makwaia, qui menait l'équipe de l'accusation dans le procès, s'est également déclarée « satisfaite », saluant particulièrement la condamnation de l'ex-ministre pour entente en vue de commettre le génocide.

Pour sa part, le porte-parole du tribunal, Roland Amoussouga a estimé que le jugement marquait « un jour très important dans la vie du tribunal », soulignant que pour la première fois, une femme était jugée pour génocide devant une juridiction internationale.

« C'était l'une des grandes affaires » du TPIR, a-t-il souligné.

De leur côté, les avocats des condamnés se sont refusés à tout commentaire.

Le jugement n'est cependant pas définitif, comme l'a  rappelé Karegyesa, car chaque partie a le droit d'interjeter appel.

Selon le résumé du jugement lu en audience publique par le juge tanzanien William Hussein Sekule, l'ancienne ministre « s'est entendue avec d'autres membres du gouvernement intérimaire pour commettre le génocide à Butare». « Elle a ordonné aux (miliciens) Interahamwe de violer les femmes tutsies (...) Elle exerçait une responsabilité de supérieur hiérarchique sur les Interahamwe qui ont commis des viols au bureau préfectoral de Butare », a poursuivi le juge président.

« Pour ces crimes et après avoir considéré les différentes circonstances, la chambre vous condamne à l'emprisonnement à vie », a-t-il conclu s'adressant à l'ancienne ministre, debout.

Parlant de Ntahobali, le magistrat a déclaré qu'il avait « violé et ordonné des viols » en différents endroits de la ville, notamment devant l'hôtel familial Ihuliro.

Il contrôlait, selon le jugement, le barrage le plus terrible de la ville, érigé devant cet hôtel. Ntahobali, qui était alors étudiant à l'Université nationale du Rwanda (UNR) également située à Butare, a, entre autres crimes, tué une fille tutsie à ce barrage après l'avoir violée, selon les trois juges.

Le fils de Nyiramasuhuko a été jugé coupable de génocide, extermination, viols, persécution, violence à la vie et outrage à la dignité de la personne humaine.

Le jugement tombe 16 ans après l'arrestation de certains d'entre eux et plus de deux ans après la clôture des débats.

Kanyabashi et Ndayambaje ont été arrêtés en Belgique en juin 1995 ; Nyiramasuhuko, son fils et Nsabimana en juillet 1997 au Kenya et le colonel Nteziryayo en avril 1998 au Burkina-Faso.

Ouvert en juin 2001, leur procès est le plus long et sans doute aussi le plus coûteux de la justice internationale. 

ER/GF

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