17.04.12 - TPIR/TRANSFERTS - UWINKINDI S'OPPOSE A SON TRANSFERT APRES UN INCIDENT DANS LE PROCES INGABIRE

Arusha, 17 avril 2012 (FH) – A moins de 24 heures de l’expiration du délai imparti par le président du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour la remise aux autorités rwandaises du pasteur Jean Uwinkindi, ce dernier tente de s’opposer à son transfèrement à Kigali, se basant sur un incident survenu lundi dans le procès de l’opposante Victoire Ingabire.

2 min 21Temps de lecture approximatif

Mme Ingabire et ses avocats ont claqué la porte lundi, reprochant au procureur et aux juges rwandais  de violer les droits de la défense.

Le pasteur Jean Uwinkindi qui devrait, selon une décision du président du TPIR, être ramené à Kigali, au plus tard jeudi prochain, reprend à son compte les griefs d’Ingabire pour s’opposer à son renvoi vers la justice rwandaise.

Pour le Procureur général du Rwanda, Martin Ngoga, il s’agirait de l’exécution d’un plan conçu par l’avocat principal d’Ingabire, le Britannique Iain Edwards, qui fut pendant un temps également défenseur d’Uwinkindi, dans une équipe présidée par le Rwandais Claver Sindayigaya.

Décidé en première instance le 26 juin 2011, le transfert de l’homme d’église a été confirmé en appel le 16 décembre.

Dans une requête déposée mardi devant la chambre d’appel du TPIR, Maître Claver Sindayigaya, l’avocat principal du pasteur pentecôtiste, sollicite un délai de 7 jours pour déposer une requête plus détaillée militant en faveur de la reconsidération de la décision de renvoi.

Maître Sindayigaya compte se fonder, comme il en donne le ton dans sa requête en extrême urgence, sur « des développements récents » dont les juges n’avaient pas connaissance en autorisant le transfert de l’affaire Uwinkindi vers la justice de son pays.

Les nouveaux arguments de l’avocat rwandais sont puisés dans les derniers rebondissements du procès de l’opposante rwandaise Victoire Ingabire, jugée devant la Haute cour à Kigali, notamment pour complicité de terrorisme et négation du génocide des Tutsis de 1994.

Mme Ingabire accuse les juges de violations répétées de ses droits et a juré de ne plus revenir à l’audience. Elle ainsi indiqué à ses avocats qu’ils n’avaient plus mandat pour la représenter.

Selon des notes de Iain Edwards, la Haute cour a écourté délibérément lundi l’audition d’un témoin à décharge qui accusait le procureur d’avoir fabriqué les éléments de preuve contre l’opposante.

Se basant sur ces notes, Maître Sindayigaya fait valoir devant le tribunal d’Arusha que l’affaire Ingabire illustre la volonté du parquet général du Rwanda d’interférer dans l’administration de la justice, sans que la Haute cour veuille ou puisse sanctionner ce comportement.

Interrogé par l’agence Hirondelle, le porte-parole du TPIR, Roland Amoussouga a répondu que le greffe avait pris acte du dépôt de la requête mais qu’en l’absence de toute décision contraire à celle du président, le transfèrement s’effectuerait dans les délais impartis.

Pour sa part, le procureur général du Rwanda, Martin Ngoga, a soupçonné l’existence d’un lien entre l’incident dans l’affaire Ingabire et la nouvelle requête dans l’affaire Uwinkindi : «L’avocat (Ewdards) est impliqué dans les deux affaires. Il peut avoir volontairement organisé l'incident devant la Haute cour à Kigali pour justifier la requête devant le TPIR », a commenté le magistrat rwandais, assurant que l’accusation veillait au respect des droits de la défense, dans l’affaire Ingabire comme dans toutes les autres procédures au Rwanda.

ER/GF