28.01.08 - TPIR/GOUVERNEMENT II - L’EX-MINISTRE BICAMUMPAKA VOULAIT RESTAURER LA PAIX - UN DIPLOMAT

Arusha, 28 janvier 2008 (FH)- L’ex-ministre Jérôme Bicamumpaka voulait restaurer la paix dans son pays ravagé par la guerre et les massacres, a affirmé un diplomate belge lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Poursuivi pour génocide et crimes contre l’humanité, Bicamumpaka, 51 ans, était ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement intérimaire rwandais d’avril à juillet 1994.

1 min 52Temps de lecture approximatif

Il plaide non coupable.
Le témoin à décharge Jean Ghiste était diplomate à Bujumbura (Burundi) en avril 1994. Il y représentait la communauté francophone de Belgique au Rwanda et au Burundi depuis décembre 1992.
Il a déclaré qu’il avait rencontré Bicamumpaka à Bujumbura le 16 et le 17 avril 1994. Le 16 avril, Bicamumpaka avait représenté son pays lors des obsèques du président burundais Cyprien Ntaryamira tué dans l’attentat contre l’avion de son homologue rwandais Juvénal Habyarimana, dix jours plus tôt. Cet attentat a été l’élément détonateur du génocide des Tutsis au Rwanda.
Jean Ghiste a indiqué que le 17 avril, il s’était entretenu longuement avec Bicamumpaka sur la situation politique qui prévalait au Rwanda à l’époque. « Ce qu’il me disait était tout à fait lié à avoir un appui de la communauté internationale, en particulier de la communauté belge, pour négocier avec le FPR (NDLR : rébellion) et mettre fin à la situation d’hostilités et de massacres qui étaient en cours » a-t-il expliqué.
Il avait perçu chez l’ancien ministre « une volonté d’avoir un soutien de la communauté internationale et d’avoir des contacts, ce qui paraissait à ce moment là difficile ». Jean Ghiste a ajouté qu’il avait remarqué chez Bicamumpaka un sentiment d’impuissance du fait que le gouvernement intérimaire dont il était membre était isolé.
Le témoin l’a aidé à contacter en Belgique le conseiller politique pour l’Afrique au sein de l’IDC, une association de partis qui organise la coopération internationale entre les formations politiques d’obédience démocrate-chrétienne.
Le témoin a relevé « l’instance de M. Bicamumpaka sur la nécessité d’être entendu politiquement en Belgique ». « Il parlait négociations, cessez-le feu et, me semble-t-il, qu’il y avait un fort isolement de la communauté internationale ».
Bicamumpaka a expliqué au témoin que son rôle « était fondamentalement de faire en sorte que ce gouvernement soit moins isolé sur le plan international et que sans cessez-le-feu la situation resterait sans doute très difficile ». Jean Ghiste a indiqué que l’ancien ministre voyageait beaucoup à l’extérieur du Rwanda et qu’il n’était pas avec le gouvernement au quotidien.
Bicamumpaka est jugé avec trois de ses collègues qui ont été au gouvernement intérimaire. Il s’agit de Casimir Bizimungu (santé), Justin Mugenzi (commerce) et Prosper Mugiraneza (fonction publique). Leur procès a commencé en novembre 2003. Mugiraneza est le seul à n’avoir pas encore présenté sa défense.
AT/PB/GF