06.02.08 - TPIR/MILITAIRES II - LES PARTIES DIVISEES AU SUJET DES CRIMES ATTRIBUES AU FPR

Arusha, 6 février 2008 (FH)- Défense et accusation se sont une nouvelle fois montrées divisées au sujet des crimes attribués à l’ex-rébellion rwandaise au pouvoir à Kigali, mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le débat a ressurgi dans le procès Militaires II qui concerne quatre officiers, lorsqu’un avocat a voulu s’étendre sur les crimes de guerre présumés du Front patriotique rwandais (FPIR) entre 1990 et 1994.

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Me Christopher Black, l’avocat canadien qui défend l’ex-chef d’Etat major de la gendarmerie rwandaise, le général Augustin Ndindiliyimana, interrogeait un témoin à décharge. Cet ancien gendarme a notamment évoqué les actes de torture commis par le FPR sur des civils dans la région du Mutara, à l’est du Rwanda.

Le représentant du procureur, Segun Jegede (Nigéria) s’est fortement opposé à ce que la défense s’attarde sur ces faits, arguant qu’il s’agissait de « digression ».

Me Black a rétorqué que ce témoignage venait plutôt corroborer sa thèse selon laquelle « la plupart des massacres commis au Rwanda en 1994, et même avant cette date, sont l’œuvre du FPR ».

Le procureur accuse les responsables civils et militaires de l’ancien gouvernement rwandais, dont le général Ndindiliyimana, d’avoir planifié le génocide qui a fait 800 000 morts en 1994. Ndindiliyimana et ses coaccusés plaident non coupable.

« Vous ne pouvez pas vous en tenir à la conduite des autres comme élément de défense », a souligné Segun Jegede.

Le représentant du procureur a cependant reconnu que le FPR avait commis « des délits » mais que cela ne pouvait exonérer quiconque.

Me Black, qui réclame souvent la mise en accusation du FPR pour crimes de guerre, a insisté pour que le représentant du parquet donne de plus amples explications mais la chambre les a interrompus.

L’avocat camerounais Me Charles Taku, qui représente l’ancien commandant du bataillon reconnaissance, le major François Nzuwonemeye, un des coaccusés, avait eu cependant le temps de suggérer que « si le procureur reconnaît que le FPR a commis des délits, cela veut dire qu’il admet les preuves que nous avons présentées à ce sujet ».

Les débats dans ce procès se focalisent très souvent sur les crimes allégués du FPR qui était en guerre contre l’armée gouvernementale entre 1990 et 1994.

Ndindiliyimana et Nzuwonemeye sont jugés avec l’ancien chef d’Etat major de l’armée, le général Augustin Bizimungu, ainsi qu’avec le capitaine Innocent Sagahutu, un adjoint de Nzuwonemeye. Leur procès a commencé en septembre 2004.

AT/GF