Canada: le bâtiment du Premier ministre ne portera plus le nom de l'auteur du "génocide culturel"

Canada: le bâtiment du Premier ministre ne portera plus le nom de l'auteur du ©Premier ministre
Le Premier ministre et une représentante des autochtones canadiens
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Les peuples autochtones se rapprochent symboliquement du pouvoir au Canada avec l'annonce mercredi par le Premier ministre Justin Trudeau que l'édifice abritant ses bureaux cessera de porter le nom d'un ancien responsable associé au "génocide culturel" des premiers habitants du pays.

Connu comme l'édifice Langevin, ce bâtiment porte le nom d'un des pères de la fondation du Canada moderne en 1867 et également architecte du système des pensionnats autochtones mis en place pour assimiler ces derniers à la société dominante.

"Nous vous avons entendus", a déclaré le Premier ministre à Ottawa en célébrant la Journée nationale des Autochtones. "Il y a une douleur profonde suscitée par le fait que cet immeuble porte un nom si étroitement lié à l'horreur des pensionnats autochtones".

Justin Trudeau a par ailleurs fait don aux peuples autochtones de l'ancienne ambassade des Etats-Unis à Ottawa "pour en faire un espace véritablement inclusif qui reflète (...) l'esprit de la réconciliation".

Abandonné depuis 1999 et situé sur les terres ancestrales du peuple algonquin, le bâtiment de style Beaux-Arts, construit au début des années 1930, sera rénové et pourrait devenir une galerie d'art ou un centre autochtone.

L'édifice Hector-Louis Langevin de son côté sera officiellement rebaptisé le "Bureau du Premier ministre et du Conseil privé".

Au Canada, pendant près d'un siècle à partir de 1874, 150.000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été coupés de leurs familles et de leur culture en étant enrôlés de force dans 139 pensionnats gérés par des communautés religieuses, au nom du gouvernement canadien.

Nombre d'entre eux ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, et au moins 3.200 y sont morts, la majeure partie de tuberculose.

La Commission de vérité et réconciliation du Canada avait estimé en 2015, après avoir entendu les témoignages de près de 7.000 anciens élèves, que cette scolarisation forcée représentait un "génocide culturel".

Pour les responsables autochtones, la misère, l'alcoolisme et les taux de suicide élevés qui affligent encore bon nombre de communautés des Premières nations du Canada sont l'héritage direct de ce système colonial.