OPINION

La semaine de la justice transitionnelle : l'état de droit en question en Tanzanie et Tunisie

La semaine de la justice transitionnelle :  l'état de droit en question en Tanzanie et Tunisie©Daniel Hayduk / AFP
Tanzania's newly elected president John Magufuli delivers a speech during the swearing in ceremony in Dar es Salaam, on November 5, 2015.
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 La Tanzanie appartient à ces rares pays d’Afrique réputés paisibles, démocratiques et multiethniques, présidé longtemps par un Julius Nyéré qui contrairement à la plupart des ses pairs choisit de se retirer du pouvoir en 1985.Mais, depuis depuis l’élection du président John Magufuli fin 2015 la transition ne fonctionne pas .

 « La Tanzanie est en train de perdre cette image positive que lui enviaient naguère ses voisins, écrit cette semaine JusticeInfo.net. Assassinats ou tentatives d’assassinats d’opposants, suspension de médias jugés critiques, disparitions de journalistes et harcèlement de défenseurs des droits de l’homme et d’artistes atteignent une ampleur inédite ». Et de citer le sort de Tindu Lissu, membre du Parlement et opposant de toujours au Président. Le 7 septembre 2017, alors qu’il sortait de l’hémicycle, Tundu Lissu, qui est également bâtonnier de l’ordre des avocats tanzaniens, fut atteint grièvement de plusieurs balles par des assaillants toujours non identifiés à ce jour. D’autres opposants ont été tués et arrêtés toujours pour avoir osé critiquer le Président Magufuli.

JusticeInfo ajoute : « Le 21 février, c’est la société civile qui est montée au créneau, dans une mobilisation sans précédent dans l’histoire du pays. Pas moins d’une centaine d’organisations non-gouvernementales ont uni leurs voix pour, à leur tour, dénoncer « l’étouffement » de la démocratie, des libertés de la presse et d’expression, la tenue « d’élections partielles entachées d'irrégularités et d'effusions de sang mettant en péril la paix nationale". C’est ensuite au tour de la communauté internationale et des représentants des principaux bailleurs de fonds de la Tanzanie de rompre leur réserve diplomatique.

Dans son communiqué, l’UE a ainsi exhorté « les responsables concernés à sauvegarder la paix, la sécurité et le processus démocratique, le pays, ses citoyens et le respect de l’état de droit ».

Etat de droit menacé aussi en Tunisie où la transition demeure fragile et inachevée. Dans un rapport un collectif d’ONG , écrit notre correspondante Olfa Belhassine,  affirme que « quatre ans après l’adoption de la nouvelle Constitution du 27 janvier 2014, qui consacre la liberté de conscience, l’égalité de tous devant la loi, la garantie par l’État des libertés et droits individuels et publics, la garantie de la dignité humaine et de l’intégrité physique, la protection de la vie privée, l’inviolabilité du domicile… police et magistrats continuent à interpeller, arrêter, condamner et à incarcérer les gens sur la base d’un Code pénal, toujours non abrogé et en contradiction totale avec les valeurs du texte fondamental ». «Les libertés fondamentales se heurtent encore à des notions, réflexes et considérations issues de la dictature qui s’autorisent à infiltrer la vie privée des personnes à travers notamment l’incrimination d’actes indéfinis tels que les bonnes mœurs, les atteintes à la pudeur ou l’homosexualité », constate le rapport.

Toujours en Tunisie, un film « Voices from Kasserine » raconte cette région enclavée et pauvre, « région victime », selon un classification unique à la pratique de la justice transitionnelle en Tunisie. Le film, qui fait actuellement une tournée dans les salles des maisons de cultures à l’intérieur de la République, suscitant des débats partout où il passe, poursuit un travail d’enquêtes et de recherches sur Kasserine entamé en 2012 par International Alert, une organisation qui travaille sur la consolidation de la paix dans les pays en transition.

Notre correspondante explique que « Voices From Kasserine semble suggérer que la plus grande richesse de Kasserine réside dans toutes ses voix ». Des voix qui sont « de moins en moins audibles dans l’espace public et médiatique tunisien », affirment les réalisateurs du film, Michel Tabet.

« Des voix qui malgré un contexte difficile continuent à espérer, à créer, à chanter et à transmettre d’une génération à l’autre des traditions de courage, de détermination et de dignité face à l’injustice et à l’exclusion », écrit Olfa Belhassine.