Centrafrique : A Bambari, le jeune musulman Ibrahim donne la main à son compatriote chrétien Joseph

Centrafrique : A Bambari, le jeune musulman Ibrahim donne la main à son compatriote chrétien Joseph©Capture d'écran du site de la MINUSCA
Des jeunes issus de différentes communautés marchent pour la paix à Bambari le 12 août 2018
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C’est sous le signe de la paix et de la réconciliation entre communautés que Bambari, chef-lieu de la Ouaka, dans le centre de la Centrafrique, a commémoré dimanche 12 août la Journée internationale de la Jeunesse.

Près de 3000 jeunes issus de toutes les communautés ont pris part à une caravane pour la paix, arpentant dans la ferveur les artères de cette ville, chef-lieu de la préfecture de la Ouaka, rapporte la Mission de l’ONU en Centrafrique (MINUSCA). Accompagnés d’autorités locales et de leaders religieux et coutumiers, ces jeunes arboraient des banderoles et des tee-shirts appelant à la paix et à la libre circulation dans la ville, qui avait été le théâtre de violences intercommunautaires meurtrières en mai dernier. « Carton rouge contre la violence », « Jeunes de Bambari, unissons-nous », « Dialoguons, réconcilions-nous », pouvait-on lire sur les nombreuses affiches brandies par les jeunes lors de cette marche pacifique. 

Prenant la parole au nom du Conseil préfectoral de la Jeunesse de la Ouaka (CPJO), initiateur de cette caravane, Victor Kemby est revenu sur les motivations de cet évènement. « Les jeunes de Bambari tenaient, à travers cette caravane, à briser les chaines qui séparent les communautés entre elles. Bravant la méfiance et la peur, du quartier Kidjigra en traversant le pont de la Ouaka jusqu’au quartier Elevage, les jeunes et les populations dans leur diversité sont massivement sortis pour démontrer leur soif de paix et montrer surtout que, désormais, ils peuvent librement circuler dans toute la ville sans aucune crainte », a-t-il dit. 

S’exprimant au nom de la jeunesse musulmane de la région, Oumar Tidjani a, quant à lui, réitéré l’engagement des jeunes à emprunter le chemin de la paix : « Aujourd’hui, il n’y a plus de division, nous sommes déterminés à consolider cette paix quel qu’en soit le prix parce que nous sommes nécessairement appelés à vivre ensemble. »

Concert pour la paix

A l’hôtel de ville où s’est achevée la caravane, après plus de 5 kms de marche, les représentants des jeunesses chrétienne et musulmane, soutenus par deux leaders religieux, ont symboliquement remis au préfet de région un drapeau blanc, signe de la tolérance et de la paix retrouvées. « Je vous exhorte à ne plus parler désormais de rive droite, ni de rive gauche à Bambari », a recommandé le préfet Victor Bissekoin, exhortant ses administrés à vivre en paix ensemble, en transcendant leurs appartenances religieuses. « Ma sœur Agathe, tends la main à ta sœur Amira. Mon frère Ibrahim, donne la main à ton frère Joseph. Nous représentons un seul peuple, le peuple de Bambari, le peuple de la RCA. »

Pour sa part, le chef par intérim du bureau de la MINUSCA, Danny Siaka, a salué cette initiative de la jeunesse de Bambari. « Nous avons tous le devoir d’appuyer les jeunes pour que cette caravane soit le déclencheur d’une dynamique de paix plus durable à Bambari. La MINUSCA, au-delà de son soutien matériel au CPJO pour l’organisation de cette caravane, continuera donc d’appuyer les initiatives, autant des jeunes que d’autres acteurs communautaires, afin de consolider les efforts de paix dans la ville et toute la Ouaka ».

Un « concert pour la paix » animé par l’orchestre local « Sogelois » est venu clore la caravane en beauté.

La Centrafrique traverse depuis cinq ans la crise la plus profonde de son histoire depuis son indépendance de la France en 1960.  En mars 2013, la Séléka, une coalition rebelle majoritairement musulmane a chassé du pouvoir le président François Bozizé. Impliqués dans de nombreuses exactions contre la population civile, les rebelles de cette nébuleuse ont dû faire face aux Anti-balaka, des milices d’auto-défense majoritairement chrétiennes qui, à leur tour, se sont livrées à des violences.