La semaine de la justice transitionnelle : fin du procès de Bosco Ntaganda, les chefs de l'armée birmane accusés de génocide

La semaine de la justice transitionnelle : fin du procès de Bosco Ntaganda, les chefs de l'armée birmane accusés de génocide©Dominick Reuter / AFP
Réunion du Conseil de sécurité le 28 août 2018 sur la situation en Birmanie
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A La Haye, la Cour pénale internationale (CPI) a clos ses audiences la semaine dernière dans le procès de l’ancien chef de guerre congolais Bosco Ntaganda surnommé « Terminator ». A New York, des experts de l’ONU ont demandé des poursuites internationales contre la plus haute hiérarchie de l’armée birmane accusée de génocide à l’encontre des musulmans rohinguas.

L’ex chef de milice congolais Bosco Ntaganda, 44 ans, attend désormais le verdict de ses juges de la Cour pénale internationale (CPI). Jeudi, au dernier jour des plaidoiries finales, l’ancien chef de guerre s’est présenté comme un « révolutionnaire » et non comme un criminel. Poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, Bosco Ntaganda est accusé d’avoir recruté des enfants soldats et d’avoir commandité des meurtres, pillages et viols commis par ses troupes en 2002-2003 en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). « Je suis en paix avec moi-même. Ces allégations ne sont rien de plus que des mensonges », a déclaré l’ancien chef de milice, au terme de trois ans de procès. Mercredi, ses avocats avaient rejeté le surnom de « Terminator » qui colle à la peau de leur client. Mardi, au premier jour de cette dernière phase du procès, l’équipe du procureur avait, pour sa part, dressé un portrait épouvantable de cet ancien officier général de l’armée congolaise, né dans le nord du Rwanda. « Certaines personnes ont été éventrées » sur ses ordres, « même des femmes enceintes », a ainsi soutenu le procureur, demandant à la chambre de le déclarer coupable de toutes les accusations portées contre lui.

Centrafrique : non à l’amnistie générale

En Centrafrique, la société civile monte au créneau. Alors qu'un prochain dialogue est annoncé entre le gouvernement et les groupes armés, les organisations locales de défense des droits de l’homme et leurs partenaires internationaux ont réitéré leur opposition à toute idée d’amnistie générale, dans un communiqué publié le 24 août. « Il est impensable que des personnes responsables et complices des crimes les plus graves puissent s’arroger une amnistie à la table des négociations, et cette idée doit être rejetée sans condition par le gouvernement », estiment ces organisations. Le dialogue annoncé, dont la date et le lieu n’ont pas encore été précisés, vise à mettre un terme aux violences qui déchirent la Centrafrique depuis 2013. Au nombre des revendications des groupes armés, figureraient, selon plusieurs sources concordantes, non seulement le partage du pouvoir mais aussi une amnistie générale.

L'Allemagne en Namibie: massacres de masse

Dans une volonté de réconciliation, l'Allemagne a remis mercredi à la Namibie quelques ossements de membres des tribus Herero et Nama exterminés durant la période coloniale, dans ce que nombre d’historiens considèrent comme le premier génocide du XXe siècle. Ce sont au moins 60.000 Herero et environ 10.000 Nama qui perdirent la vie entre 1904 et 1908. Les forces coloniales allemandes usèrent de diverses méthodes : massacres de masse, exil dans le désert où des milliers d'hommes, femmes et enfants moururent de soif, et camps de concentration comme celui tristement célèbre de Shark Island. Le geste allemand a été jugé insuffisant par les descendants des victimes qui exigent excuses officielles et réparations.

Birmanie : intention génocidaire

Dans un rapport rendu public lundi, des experts de l'ONU ont accusé les plus hauts responsables de l’armée birmane de génocide à l’encontre de musulmans rohingyas. Selon le rapport, « les crimes commis dans l'Etat Rakhine et la manière dont ils ont été perpétrés, sont de nature, de gravité et de portée similaires à ceux qui ont permis d'établir l'intention génocidaire dans d'autres contextes ». Les enquêteurs estiment que les principaux généraux de Birmanie, y compris le chef de l'armée, Min Aung Hlaing, devraient faire l'objet de poursuites internationales pour « génocide » contre les Rohingyas, dont plus de 700.000 ont fui au Bangladesh après une offensive de l'armée birmane en août 2017 lancée en représailles d'attaques de rebelles rohingyas. Ces experts ont en conséquence appelé le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale (CPI) par le biais d'une résolution ou à créer un tribunal international ad hoc, comme ceux pour le Rwanda ou l'ex-Yougoslavie. La probabilité d'une résolution sur le « génocide » rohingya reste cependant faible, en raison d’un prévisible veto de la Chine et la Russie. Dans sa réaction, le gouvernement birman a rejeté mercredi le rapport et mis en cause l’impartialité des enquêteurs.