Centrafrique : L’ONU promet une "approche robuste" envers les groupes armés

Centrafrique : L’ONU promet une ©UN Photo/Nektarios Markogiannis
Soldats de la Minusca nettoyant la cathédrale de Bangui
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Le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme Zeid Ra'ad Al Hussein, se dit aprtisan d' une action robuste pour contraindre les groupes armés à cesser les actes de violations de droits humains sur le territoire centrafricain. « Je pense qu’il faudra une approche bien plus robuste envers les groupes armés, afin qu’ils commencent à comprendre qu’ils ne peuvent impunément bafouer l’état de droit quand, où et comme ils le souhaitent », a averti vendredi à Bangui Zeid Ra'ad Al Hussein.
Cette décision de M. Zeid se justifie par l’incapacité des Nations-Unies et du gouvernement à maîtriser ces groupes armés et des efforts très hésitants en faveur du désarmement. « Les dirigeants les plus connus, qui ont tant de sang sur les mains, ne sont ni arrêtés, ni poursuivis, ni jugés ni condamnés », s’est-il alarmé.

Sécurité très mauvaise

Au terme d’un court séjour en Centrafrique, le Haut commissaire des N-U aux droits de l’homme reconnaît que la sécurité reste très mauvaise dans certains endroits de ce pays, en particulier dans les territoires confrontés aux groupes armés, dont certains se sont de facto érigés en autorités locales et opèrent dans une impunité quasi-totale. « Ils tuent de manière occasionnelle. Ils continuent à piller les biens des citoyens et les ressources minérales du pays, volant et tuant du bétail et agissant en prédateurs envers la population civile », regrette Zeid Ra'ad Al Hussein.
Pour l’émissaire onusien, la Minusca, Mission de l’ONU pour la paix en Centrafrique, doit être renforcée avec du personnel et du matériel afin de faire un usage plein et entier du mandat fort du Chapitre 7 qui lui a été conféré par le Conseil de sécurité. « Il faut montrer aux diverses forces, antibalaka et ex-seleka, à la LRA, et à la multitude d’autres groupes armés et groupuscules que leur comportement illégal ne sera plus toléré par le gouvernement et les forces internationales qui ont pour tâche d’amener une paix durable à la RCA », explique Zeid Ra'ad Al Hussein.
Pour ce faire, « un système judiciaire effectif et des forces de sécurité nationale opérationnelles sont indispensables », a-t-il ajouté.

Abus sexuels

Au sujet des cas d’allégation d’abus ou d’exploitation sexuels impliquant des soldats de l’ONU, le Haut commissaire n’a pas caché son dégoût comme l'avait déjà affirmé le Secrétaire Général  de l’ONU. « Il n’y a aucune excuse, pas de circonstances atténuantes, rien pour justifier ces actes et l’incapacité à faire appliquer des punitions à la hauteur des crimes commis », a-t-il martelé. Il en appelle donc à plus d’implication des Etats membres.
Jeudi, un autre cas d’allégation d’abus sexuel par un soldat étranger avait émergé. L’auteur présumé est un soldat de la force française Sangaris, qui opère distinctement des forces de l’ONU en RCA.
 
Sur la question, le Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies et Chef de la MINUSCA, Parfait Onanga-Anyanga a réitéré sa détermination à combattre avec la dernière énergie l'exploitation et les abus sexuels commis   par les forces de l'ONU dans ce pays. « Mettre fin à ce fléau que le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a qualifié de « cancer de notre système », doit nous inviter à l'honnêteté sur la portée et l'envergure du problème. Je voudrais être transparent sur l'ampleur des allégations et ce que l'ONU et ses contingents font pour s’assurer que la justice soit rendue dans chacun des cas », a-t-il déclaré à la presse ce mercredi à Bangui.
A ce jour, il y a, selon le Représentant de l’ONU, quatorze cas d’allégations d'exploitation ou d'abus sexuels commis par le personnel de l'ONU en  République Centrafricaine qui ont été signalés à la MINUSCA. « Parmi ces 14 cas, 12 impliquent nos militaires, 1 porte sur des allégations contre notre police, et dans un cas l’identité de l'auteur est inconnue. Le premier cas nous a été signalé en décembre 2014; le dernier nous a été rapporté en août 2015. Chaque cas a été documenté et une mission d'enquêtes préliminaires a eu lieu pour préserver les preuves », a déclaré Parfait Onanga-Anyanga.

Une société vulnérable

Pour les 12 allégations impliquant les troupes militaires de la MINUSCA, chaque pays contributeur de troupes a été informé. Pour le chef de la Minusca, « chaque allégation sera considérée avec le plus grand sérieux, … je suis ici aujourd'hui pour dire que les Nations Unies se mettent du côté des victimes ».
8 de ces 14 allégations sont des cas impliquant des mineurs de moins de 18 ans. « En tant que fonctionnaire de l'ONU, en tant que père, j’ai du mal à dormir, sachant que les enfants que nous sommes censés protéger peuvent avoir été abusés », conclut Parfait Onanga-Anyanga.
A noter que ces allégations en disent long sur les fragilités structurelles de la société centrafricaine marquée par de nombreuses années de conflit. Cette société est vulnérable à la violence sexuelle suite à un traumatisme, aux crimes massifs et la déchirure du tissu social ainsi qu’à l’effondrement des mécanismes  de protection sociale.