Guantanamo : un général américain convoqué par la justice française

1 min 31Temps de lecture approximatif

 L'ancien commandant de Guantanamo, le général Geoffrey Miller, est convoqué le 1er mars par la justice française, qui enquête sur des accusations de torture dans cette prison américaine, ont indiqué jeudi à l'AFP deux ex-détenus français.

Cette convocation devant une juge d'instruction n'est toutefois pas accompagnée de moyen coercitif et rien ne dit que Geoffrey Miller y répondra. 

Nizar Sassi et Mourad Benchellali avaient été arrêtés par les forces américaines en Afghanistan avant d'être transférés à Guantanamo, à Cuba. Ils y ont été détenus de fin 2001 à 2004 et 2005, avant d'être renvoyés en France. Ils avaient alors porté plainte pour détention arbitraire et torture. 

"Cela fait bizarre de voir le roi de Guantanamo convoqué comme un simple justiciable", a commenté Nizar Sassi, confirmant une information du quotidien français Libération. 

Deux juges avaient initialement rejeté cette audition réclamée par les deux hommes. Ce rejet avait été contesté devant la cour d'appel de Paris, qui leur avait donné gain de cause en avril 2015. 

Geoffrey Miller a été commandant de Guantanamo de novembre 2002 à avril 2004. Il a pris sa retraite en 2006 après 34 années dans l'armée, selon la demande des plaignants.

Mourad Benchellali et Nizar Sassi l'avaient appuyée par un rapport du Centre pour les droits constitutionnels (CCR), dont le siège est à New York, et du Centre européen pour les droits de l'Homme et constitutionnels (ECCHR), qui détaillent les mauvais traitements infligés à Guantanamo et la responsabilité du général Miller.

Un rapport de la commission sénatoriale des Forces armées américaine, publié en 2008, indique qu'il existe des preuves que certaines techniques d'interrogatoire, telles que placer les détenus dans des postures contraintes ou dégradantes ou l'utilisation agressive de chiens ont été employées lorsque Guantanamo était sous le commandement du général Miller.

La base américaine de Guantanamo a commencé à recevoir les suspects de terrorisme quatre mois après les attentats du 11 septembre 2001. A son pic d'activité en 2003, elle a accueilli jusqu'à 680 prisonniers qui pouvaient y être enfermés hors toute procédure judiciaire. Ils étaient encore 91 fin janvier.

L'administration Obama cherche depuis 2009 à fermer cette prison controversée mais se heurte à l'opposition du Congrès.

Nizar Sassi et Mourad Benchellali ont été condamnés à un an d'emprisonnement ferme pour avoir rejoint entre 2000 et 2001 l'Afghanistan avec des visées jihadistes.