Nouveau procès Bemba à la CPI

Nouveau procès Bemba à la CPI©CPI/ICC
Jean-Pierre Bemba
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Jean-Pierre Bemba n’en a pas fini de ses mésaventures judiciaires. L’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) sera de nouveau face aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) à partir du 29 septembre. Jugé pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis en Centrafrique en 2002 et 2003, il aurait, au cours de ce procès, suborné plusieurs témoins. Des faits dont doivent aussi répondre son ancien avocat, Aimé Kilolo, ainsi qu’un associé, Jean-Jacques Mangenda, le député et secrétaire général adjoint du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), Fidèle Babala, et Narcisse Arrido, un témoin qui avait été appelé à déposer en faveur de Jean-Pierre Bemba.

Entreprise de corruption

Selon l’accusation, Jean-Pierre Bemba aurait, depuis sa cellule, organisé cette entreprise de corruption, mise en œuvre par Aimé Kilolo. En lien avec Jean-Jacques Mangenda, l’avocat belge aurait incité des témoins à mentir ou omettre certains faits lors de leurs dépositions à la Cour. L'avocat aurait remis à trois témoins des téléphones portables afin de pouvoir rester en contact avec eux lors de leur audition à la Cour. Quelques jours avant, et pendant leur déposition, les témoins ne sont pas autorisés à parler du procès avec qui que ce soit et d'avoir des contacts avec les avocats. Leur téléphone personnels leurs sont donc retirés. Pour pouvoir rester en contact, Kilolo leur fournissait donc un autre téléphone.  A l’un de ces témoins, auquel il aurait remis de l’argent, Aimé Kilolo aurait simplement expliqué que « ce n’est pas de la corruption, c’est un cadeau de la part de Jean-Pierre Bemba parce que vous avez accepté de témoigner en sa faveur ». Selon l’acte d’accusation, c’est le député Fidèle Babala, un proche de Bemba, qui aurait géré les circuits de financement de témoins, qui auraient reçu entre 400 et 700 dollars. Enfin, Narcisse Arrido aurait recruté de faux témoins, les incitants à mentir en affirmant notamment qu’ils sont des gradés de la milice de Bemba, appelé en Centrafrique en 2002 et 2003.

A l’époque, le président centrafricain, Ange-Félix Patassé, avait appelé à la rescousse son « fils » Bemba, pour contrer l’avancée des rebelles de François Bozizé, un cadre écarté de l’armée et bien décidé à s’emparer de Bangui, ce qu’il fera en mars 2003. Jean-Pierre Bemba avait envoyé les hommes de sa milice, le MLC, pour renforcer les troupes loyales à Patassé, mais ses soldats auraient commis des meurtres, des viols et des pillages, pour lesquels Jean-Pierre Bemba a été accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre. L’ex vice-président congolais n’est cependant pas poursuivi pour avoir ordonné les crimes, mais pour ne pas avoir réprimé ou puni les exactions de ses soldats, une position beaucoup plus favorable à l’accusé. Le dernier témoin dans cette affaire avait déposé à la barre en novembre 2013, quelques heures avant l’arrestation des quatre suspects pour subornation de témoins, à La Haye, Bruxelles, Kinshasa et Paris.

 

Ambitions présidentelles

 

Comme le premier, ce second procès devrait être scruté avec beaucoup d’attention à Kinshasa, à un an de la prochaine élection au pouvoir suprême, alors que même depuis sa cellule, Jean-Pierre Bemba n’a jamais caché ses ambitions présidentielles. La Cour n’a pas encore rendu son verdict dans la première affaire, mais le spectre d’un acquittement continue de hanter la scène politique congolaise.

Ce n’est pas l’unique affaire de ce type engagée par la Cour. Outre les cinq accusés en lien avec le procès de Jean-Pierre Bemba, la procureure a aussi engagé des poursuites pour intimidation de témoins à l’encontre de trois Kenyans. Dans un communiqué, l’Open Society Justice Initiative a estimé que la subornation de témoins est « une atteinte très sérieuse, et il est essentiel que les allégations d’interférence et de corruption envers les témoins fassent l’objet de poursuites ». Seul moyen, selon Mariana Pena, de « garantir des procès équitables à la CPI et un véritable accès pour les victimes ».