Condamnation de Bemba: en RD Congo, son parti dénonce une "justice sélective"

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La condamnation de l'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba à 18 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale est le résultat d'une "justice sélective", a dénoncé mardi à Kinshasa le parti de M. Bemba.

Le Mouvement de libération du Congo (MLC) "ne cessera jamais de dénoncer la justice sélective de la Cour pénale internationale (...) et la politisation à outrance" de cette institution, a réagi sa secrétaire générale, Ève Bazaiba, après l'annonce de la peine infligée à M. Bemba.

Mme Bazaiba s'exprimait devant la presse au siège du MLC, où près de deux cents militants ont suivi dans un grand silence la retransmission du jugement de la cour de La Haye sur écran géant.

"Nous ne cesserons jamais de rappeler que les victimes des exactions en République centrafricaine ont droit de connaître les véritables auteurs de ces crimes. On ne peut pas laisser les véritables auteurs et s'acharner sur la personne de Jean-Pierre Bemba. Ça c'est une justice discriminatoire", a-t-elle ajouté.

En mars, la CPI avait reconnu M. Bemba, riche homme d'affaires devenu chef de milice pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), coupable d'une série de meurtres et de viols commis par ses troupes entre octobre 2002 et mars 2003 en Centrafrique, où elles étaient venues soutenir le régime du président Ange-Félix Patassé.

Mardi, la Cour l'a condamné "à une peine totale de 18 ans de prison", lui reprochant d'avoir encouragé, en ne prenant aucune mesure disciplinaire contre ses hommes, la "cruauté particulière" de leurs crimes contre des victimes "particulièrement vulnérables".

"J'ai un sentiment d'amertume envers la CPI", a déclaré à l'AFP Daddy Kondo, militant du MLC, accusant la cour d'agir par "néocolonialisme".

"Moi, je ne crois plus à cette Cour", a dit un autre, Jean Faustin Isenge, pour qui toute cette affaire s'apparente à "un procès de la honte" car, selon lui, "les auteurs du conflit [les anciens présidents centrafricains Patassé et François Bozizé] ne sont pas inquiétés".

A la fin de la deuxième guerre du Congo, M. Bemba, dont les troupes tenaient le tiers nord du pays, est devenu vice-président pendant la "transition" (2003-2006). Il a été battu en 2006 au deuxième tour de l'élection présidentielle remportée par l'actuel président congolais, Joseph Kabila.