(no translation) 09.05.07 - RWANDA/BELGIQUE - LES TEMOINS SE SUIVENT AU PROCES DE NTUYAHAGA

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 Bruxelles, 9 mai 2007 (FH) – L’ancien ambassadeur belge au Rwanda, le premier enquêteur sur l’assassinat des casques bleus puis le juge d'instruction chargé de cette affaire se sont succédés à la barre de la cour d’assises de Bruxelles chargée de juger Bernard Ntuyahaga.   Pour M. Johan Swinnen, qui représentait la Belgique au Rwanda lors du génocide, son pays n’a pas « à rougir de notre (son) engagement ». « Nous n’avons pas pêché par nonchalance ni par légèreté. Je n’ai jamais banalisé les éléments que nous avions en main, mais en même temps on était convaincu que la Belgique était en train de rendre service aux forces modérées, qui étaient partout au Rwanda. » a-t-il dit.   Il a rappelé qu’il avait été rappelé en consultation fin 1993 après la publication d’un rapport de la FIDH (Fédération internationale des droits de l’homme) très critique pour le régime en place. Ce fut selon lui « un signal diplomatique fort ».  Johan Swinnen, qui est actuellement ambassadeur en RDC,  s’est enfin étonné « que la communauté internationale ne fasse pas plus d’efforts pour résoudre la question de l’auteur de l’attentat » contre l’avion de Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994.  Pour Nicolas Van Winsen, l’auditeur militaire qui le premier a enquêté sur ces assassinats, les casques bleus belges sont morts « accidentellement, à cause d’un concours de circonstances ». Selon lui «les Forces armées rwandaises voulaient juste désarmer les Casques bleus et les ramener à la MINUAR (Nations Unies) ». « S’ils voulaient tester les belges », les rwandais avaient, selon lui « des moyens beaucoup plus radicaux et propres d’en éliminer. La façon dont cela s’est déroulé me paraît marquée par l’amateurisme et pas préméditée. » Pour Van Winsen les Casques bleus ont été « accidentellement assassinés ».   Selon Damien Vandermeersch, juge d’instruction les déclarations de Ntuyahaga sur sa situation le matin des assassinats sont contradictoires. L'officier rwandais dit avoir attendu chez lui et s’être « étonné d’avoir été oublié » par les autres officiers du camp Kigali qu’il a ensuite retrouvé. Mais il était au volant de la camionnette de ramassage a rappelé le juge, qui a souligné qu’il aurait pu y aller de lui même. Puis Ntuyahaga dit avoir été retardé par de nombreux barrages. «Ceux qui passaient les barrages, c’était justement les militaires gradés comme M. Ntuyahaga » dit le juge.  L’accusé dit avoir pris les paras belges dans sa camionnette alors qu’ils se trouvaient à un carrefour à proximité de la résidence du Premier ministre et qu’ils lui aient fait signe de s’arrêter. Selon des témoins, les casques bleus ont été embarqués désarmés à l’entrée même de la résidence par un bus venant du camp militaire et y retournant, a rappelé le juge.  « Une hypothèse serait que Bernard Ntuyahaga venait en fait non de chez lui mais du camp Kigali, deux témoins disent l’y avoir vu pendant la nuit » dit le juge d’instruction. Ce dernier s’est aussi étonné que l’officier ne se soit « pas posé de questions » face à quinze Casques bleus désarmés de la MINUAR lui demandant de les emmener.   « Pourquoi aurait-il choisi de déposer les Casques bleus au camp Kigali, alors que ne s’y trouve qu’un observateur miltaire de l’ONU, et que l’ambassade belge et deux cantonnements importants de la MINUAR se trouvaient à proximité ? » a-t-il aussi demandé.   Par ailleurs, que les paras aient fait signe à Ntuyahaga sur ce carrefour « suppose une certaine liberté de mouvement ». « Pourquoi, a demandé le juge d’instruction, s’il ne s’agissait que de se déplacer à un poste de la MINUAR ou de porter un message à leur hiérarchie, comme le rapporte M. Ntuyahaga, n’auraient-ils pas utilisé leurs deux jeeps intactes qu’ils ont abandonnées chez le Premier ministre ? »  Le quartier où vivait Agathe Uwilingiyimana était « encerclé », par des troupes d’élite basées au camp Kigali où se trouve l’Etat-major, a également rappelle Vandermeersch,. « Cela semble indiquer une stratégie d’élimination du Premier ministre » a dit le juge.   Logiquement Me Luc de Temmerman, qui défend l’ex-major, a estimé que l’exposé du juge d’instruction n’était pas « un témoignage, mais un réquisitoire ».     BF/PB/GF

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