(no translation) 04.05.07 - RWANDA/BELGIQUE - NTUYAHAGA N’A PAS AGI PAR HASARD (REYNTJENS)

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 04.05.07 - RWANDA/BELGIQUE - NTUYAHAGA N’A PAS AGI PAR HASARD (REYNTJENS)

Bruxelles, 3 mai 2007 (FH) – Bernard Ntuyahaga a emmené sous la contrainte les paras belges depuis la résidence du Premier ministre jusqu'au camp Kigali où ils ont été assassinés, a expliqué l’universitaire Filip Reyntjens devant la cour d’assises qui juge l’ex-major rwandais.

«C’est bien le major Ntuyahaga qui a cueilli sous la contrainte les casques bleus chez Agathe Uwilingiyimana. Sur ce point-là, je pense qu’il ment », a dit Reyntjens en se basant sur les témoignages des casques bleus ghanéens qui accompagnaient les Belges et sur celui du capitaine Apedo Kodjo, observateur militaire de l’ONU au camp Kigali. Ntuyahaga a toujours affirmé avoir croisé les casques bleus « par hasard » sur la route de son travail..

Les casques bleus ghanéens, qui ont été par la suite libérés alors que les Belges étaient tués, ont expliqué qu’ils avaient été « désarmés par un major, et qu’ils ont été installés dans un véhicule qui attendait devant la résidence du Premier ministre. » Arrivé au camp militaire de Kigali, le major, identifié par Kodjo comme étant Ntuyahaga, aurait relayé la rumeur de la participation des Belges à l’attentat, la veille, contre l’avion présidentiel, a rappelé Reyntjens. Les Belges ont ensuite été tués par des soldats du camp.

A la question d’ordres reçus par Ntuyahaga, Reyntjens a expliqué qu’il voyait mal, dans le contexte, un major des Forces armées rwandaises (FAR) prendre « une décision d’une telle importance ». « S’il les a amenés au camp Kigali, est-ce que c’était sachant qu’ils seront tués, ou pour qu’ils soient tués ? Si l’intention était prouvée, il est certain que le major aurait reçu l’ordre de le faire », a dit Reyntjens . L’assassinat des casques bleus avait entraîné le retrait par la Belgique de son contingent de la MINUAR (Nations-Unies).

Interrogé par l’avocat de Ntuyahaga sur les « preuves matérielles » de l’organisation du génocide, Reyntjens a expliqué que « par définition, nous n’aurons pas de preuve d’une planification car il n’y a pas de PV de réunions ou de témoignages, à ce jour convaincants, de personnes qui auraient fait partie d’une structure de commandement parallèle. En revanche, on voit bien sur le terrain que les opérations étaient concertées. Il est clair qu’il y avait des préparatifs de massacres violents. Quant aux meurtres, au début du génocide, de personnalités politiques, il n’y avait pas besoin de listes préétablies pour savoir qui tuer.»

A propos de l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, Filip Reyntjens a expliqué que c’était une «patate chaude que personne ne veut toucher parce que ça remet en cause une version politiquement correcte du génocide ». « Déjà en 1995, j’ai écrit qu’un faisceau d’indices pointait vers le FPR [Front patriotique rwandais], mais ce n’est qu’une hypothèse. Des fuites ont par la suite conforté cette thèse et pas celle des extrémistes Hutu », a-t-il estimé.

Il a par ailleurs exposé à la cour sa conviction que le FPR avait commis des « crimes de guerre et des crimes contre l’humanité » au Rwanda, et un « génocide » au Zaïre (RDC) en 1996-1997.

Outre l’assassinat des casques bleus belges, Bernard Ntuyahaga est accusé d’avoir participé à l’assassinat du Premier ministre de l’époque, Agathe Uwilingiyimana, ainsi qu’à ceux de plusieurs personnalités entre le 6 avril et le 5 juillet 1994 à Kigali et à Butare.

BF/PB/GF
© Agence Hirondelle