(no translation) 04.05.07 / RWANDA/BELGIQUE - NTUYAHAGA ETAIT IL EN MISSION ?

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Bruxelles, 4 mai 2007 (FH) –« J’ai du mal à saisir pourquoi une personnalité comme celle de Ntuyahaga se serait retrouvée avec une mission d’une telle importance », a déclaré l’expert André Guichaoua devant la cour d’assises chargée de juger le major rwandais pour, notamment, son implication présumée dans l’assassinat de dix casques bleus belges.

D’un autre côté, commentant la version de l’accusé selon laquelle il aurait pris les Casques bleus par hasard en stop sur le chemin de son travail, le sociologue francais a estimé qu’il était « impossible, dans le contexte, qu’un major rwandais déambule dans les rues, ou même qu’il prenne en charge des Casques bleus de la MINUAR sans en référer à sa hiérarchie alors que les commandants sollicitent souvent des ordres pour des broutilles ».

Les Casques bleus ont été emmenés par Bernard Ntuyahaga au camp militaire de Kigali où ils ont été tués, ce qui a entraîné le retrait par la Belgique de son contingent de la MINUAR (Nations Unies).

Sur l’implication du major Ntuyahaga dans l’assassinat du Premier ministre Agathe Uwilingiyimana le 7 avril, l’universitaire français a rapporté un témoignage selon lequel, le lendemain, « Bernard Ntuyahaga aurait été aperçu au volant du véhicule Toyota du Premier ministre. C’est le seul élément inédit que je peux apporter », a-t-il précisé.

André Guichaoua, qui a déposé plusieurs fois en tant qu’expert devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a aussi témoigné sur la situation pendant le génocide de cette préfecture du Sud du pays, où les massacres de grande ampleur n’ont commencé qu’en juin 1994

L’acte d’accusation impute entre autres à Bernard Ntuyahaga la responsabilité d’assassinats commis à Butare, où il fut nommé commandant du camp militaire de Ngoma, entre le 6 juin et le 5 juillet 1994.

« Butare est reprise en main dans les dix premiers jours de juin a-t-il expliqué. Il existe même une circulaire d’Edouard Karemera [ministre de l’Intérieur du gouvernement intérimaire, NDR] qui dit que les préfets et les militaires doivent prendre en main l’autodéfense civile, avec un découpage de la région en zones. Les massacres (souvent appelés « débroussaillage ») commis dans la zone du camp de Ngoma sont bien du ressort du responsable de ce camp. »

A ce moment où, selon Alison Des Forges, qui témoignait mercredi et jeudi, «on cherchait à éliminer les derniers Tutsi pour éviter les témoins», ceux qui ont été installés «étaient surtout des gens qui avaient la confiance des autorités.»

Pour l’historienne, responsable de la section afrique d’Human Rights watch, Butare «c’est une région d’importante intégration Tutsi/Hutu. Il n’y a d’abord pas eu beaucoup de tueries. C’est très important, parce que ça indique que le génocide n’est pas une action spontanée ».

Après le 17 avril et le remplacement du préfet Habyarimana, seul préfet tutsi du pays, la situation change : « On démet le préfet et on fait venir le Premier ministre pour persuader la population qu’il y a une situation de danger et qu’il faut traquer les Tutsis. C’est dans ce contexte que les milices ont été impliquées et que l’autodéfense civile s’est mise en place », a expliqué Des Forges.

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