Une Germano-Tunisienne condamnée pour avoir réduit une Yazidie en esclavage

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Une Germano-Tunisienne épouse d'un jihadiste a été condamnée vendredi par un tribunal allemand à trois ans et demi de prison pour avoir notamment contribué à réduire à l'état d'esclave une jeune Yazidie lorsqu'elle séjournait en Syrie.

Présentée comme Omeima A., 36 ans, elle a été reconnue coupable d'appartenance au groupe Etat islamique (EI) par la haute Cour régionale de Hambourg qui estime qu'elle a aussi manqué à ses devoirs de mère en étant en possession d'une kalachnikov.

Début 2015, la jeune femme avait rejoint, avec ses trois enfants, son premier époux dans les zones contrôlées alors par le groupe EI en Syrie. Après la mort de celui-ci, elle s'était mariée à un rappeur berlinois passé dans les rangs jihadistes.

Les juges ont estimé qu'elle était complice du maintien à l'état d'esclave d'une adolescente de 13 ans appartenant à la minorité yazidie, martyrisée par le groupe EI en Irak.

Elle a affirmé au cours de son procès que la jeune fille était "une hôte" dans leur maison et assuré: "J'ai commis une grave erreur il y a cinq ans" en partant rejoindre mon premier mari à Raqa, "capitale" de l'EI en Syrie.

A propos de la victime yazidie, elle a ajouté: "Je m'excuse auprès d'elle de ne pas avoir pu l'aider".

Le parquet a estimé, lui, qu'elle n'a jamais vraiment rompu avec l'organisation jihadiste.

Son avocat a argué du fait que la jeune femme n'avait fait que remplir ses devoirs de mère et s'était contentée de tenir le foyer et de s'occuper de ses enfants sans soutenir les actions militaires de ses deux époux successifs.

Le rappeur berlinois Denis Cuspert, plus connu sous son pseudonyme de "Deso Dogg", avait rejoint les rangs de l'Etat islamique en 2014. Selon les médias, il aurait été tué lors d'une attaque aérienne en 2018 en Syrie.

Après son retour en Allemagne en 2016, la jeune femme avait vécu trois ans sans être inquiétée par les autorités.

Deux autres procès se tiennent en Allemagne en lien avec les exactions commises contre les Yazidis. Depuis avril 2019, une Allemande est jugée pour crime de guerre et meurtre, accusée d'avoir laissé mourir de soif une fillette yazidie en Irak. Pour ce même crime, un Irakien est jugé depuis avril à Francfort.

A l'été 2014, les jihadistes ont commis des atrocités contre les Yazidis sur lesquelles enquête l'ONU pour déterminer si elles peuvent être qualifiées de "génocide".